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Giscard d'Estaing ne regrette pas d'avoir refusé sa grâce à Ranucci

dépêche de presse du 9 octobre 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / France
Christian Ranucci
PARIS — L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing confie, dans un entretien qui sera diffusé mardi soir sur France 2, qu'il ne regrette pas d'avoir refusé sa grâce à Christian Ranucci, guillotiné à l'âge de 22 ans en 1976 pour l'assassinat d'une fillette, un crime qu'il niait.

Dans cet entretien, qui sera diffusé après un documentaire sur son septennat ("L'homme qui voulait être aimé", 22h15), M. Giscard d'Estaing, aujourd'hui âgé de 84 ans, ajoute qu'il aurait "probablement" maintenu la peine de mort s'il avait été réélu en 1981.

"Il était coupable, il était condamné, il devait être sanctionné", déclare l'ancien hôte de l'Elysée (1974-1981), interrogé sur l'affaire Ranucci, l'un des cas judiciaires les plus controversés de ces dernières décennies.

"Je ne regrette pas ma décision, parce qu'à la lecture des dossiers (...) et des procès qui avaient eu lieu, il était coupable", ajoute VGE. Le film attribue notamment ce refus de grâce à la crainte de déplaire à l'opinion, choquée à l'époque par d'autres meurtres d'enfants.

Christian Ranucci, 22 ans, a été guillotiné le 28 juillet 1976, reconnu coupable de l'enlèvement et du meurtre, deux ans plus tôt, d'une fillette. Le jeune homme niait les faits et ses avocats dénonçaient de nombreuses zones d'ombres, pointées dans le livre "Le Pull-Over Rouge" de Gilles Perrault. Il fut l'une des trois personnes exécutées sous le mandat de VGE, qui en a grâcié quatre.

Interrogé pour savoir s'il aurait pu, comme François Mitterrand, abolir la peine de mort durant un éventuel second mandat, VGE "pense" qu'il n'aurait pas pris cette décision, même s'il se dit "prudent", si longtemps après.

"Pour moi, son sens c'était son effet dissuasif. Et je suis du côté des victimes, pour une raison simple, c'est que les victimes ne parlent pas. Et lorsque les victimes sont des enfants ou des femmes faibles, maltraitées, torturées, je considère que c'est inacceptable et qu'à ce moment-là, la dissuasion doit s'appliquer", explique-t-il.

"Donc je l'aurais probablement maintenue", explique-t-il, se replongeant dans l'hypothèse d'une victoire en 1981.

A cet égard, comme on lui demande si le deuil de sa défaite est terminé, il répond: "quand on parle d'un deuil, peut-on dire que c'est terminé?", puis: "je crois que c'est terminé".

L'ancien président revient aussi sur la séquence télévisée marquant son départ de l'Elysée, où il adresse son célèbre "au revoir", avant un interminable plan fixe sur une chaise vide.

"La porte était loin", regrette-t-il. "J'avais l'idée d'être assis, de dire mon texte, de me lever et de partir. Je pensais que la porte était à trois mètres", pas à "dix" ou "quinze mètres".
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