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Nigéria: Le rejet de l'appel contre une sentence de lapidation provoque un tollé international

dépêche de presse du 20 août 2002 - IRIN - Réseaux d'Information Régionaux Intégrés
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
ABIDJAN - La décision lundi d'une cour d'appel de l'Etat de Katsina, dans le nord du Nigeria, de maintenir une sentence de mort imposée à une femme jugée coupable d'adultère a provoqué un tollé international.

Des organisations des droits de l'homme ont qualifié la décision d'application cruelle et inhumaine du code islamique de la chari'a. « Le système juridique est utilisé pour pénaliser des femmes adultes pour des rapports sexuels consensuels », a déclaré LaShawn Jefferson, directeur exécutif de la Division des Droits de la femme de Human Rights Watch. "La peine de mort n'est jamais une sanction appropriée pour un délit, et dans ce cas, la nature même du crime est douteuse », a souligné M. Jefferson dans un communiqué mardi.

Après que Amina Lawal, 33 ans, ait donné naissance sans être mariée, un tribunal de la chari'a l'avait condamnée en mars à la mort par lapidation. L'homme qu'elle avait identifié comme étant le père de l'enfant a été acquitté, faute de preuve. L'exécution de sa sentence a ensuite été reportée de 18 mois, soit après le sevrage du bébé de Mme. Lawal âgé alors de huit mois. La décision de lundi a confirmé le maintien de l'exécution.

M. Jefferson a exhorté le gouvernement nigérian à commuer la sentence de mort de Mme. Lawal, à annuler les chefs d'inculpation, à abolir la peine de mort et à en finir avec les poursuites pour rapports sexuels consensuels entre adultes.

Amnesty International a également condamné la décision de la cour. « Ce jugement est incompatible avec la constitution nigériane et avec les obligations juridiques du Nigeria en vertu du droit international en matière des droits de l'homme et de la Charte africaine sur les droits de l'homme et des peuples », a-t-elle commenté dans un communiqué de presse publié lundi. « La pratique de la mort par lapidation est la forme ultime de torture ou de châtiments cruels, inhumains et dégradants, interdits à la fois par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et par la Convention contre la torture ».

Amnesty a demandé au gouvernement du Nigeria d'autoriser Mme. Lawal à jouir de son droit d'appel devant un tribunal de plus haute instance, impartial et indépendant, qui se conforme à la procédure juridique. « Cette sentence ne doit pas être exécutée », a-t-elle insisté.

Mme. Lawal est la deuxième femme condamnée à mort par lapidation depuis que les Etats du nord du Nigeria, à prédominance musulmane, ont commencé à introduire le code de jurisprudence islamique en l'an 2000. La première femme, Safiya Husseini, avait été condamnée l'an dernier dans l'Etat de Sokoto, mais ce verdict avait été annulé le 19 mars, le jour même où Mme Lawal a été condamnée.
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