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Deux Iraniens pendus pour leur implication dans les attaques d'Ahvaz

dépêche de presse du 2 mars 2006 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
Aresu Eqbali

Téhéran - Deux Iraniens reconnus coupables d'avoir perpétré un double attentat meurtrier à la bombe dans la ville pétrolière d'Ahvaz, ont été pendus en public jeudi, ont annoncé les médias officiels.

«Des milliers de personnes ont assisté à l'exécution. Des membres des familles des victimes sont arrivées en retard, très en colère», a raconté à l'AFP par téléphone un habitant d'Ahvaz (sud) présent à la pendaison dans la ville des deux hommes, des séparatistes arabes selon la justice.

Selon l'agence officielle IRNA, la pendaison a eu lieu plus tôt que prévu pour «empêcher des problèmes de circulation».

Les corps de Ali Affraoui et Mehdi Navasseri, mains liés derrière le dos ont été laissés sous les yeux de la foule pendant 40 minutes, selon le témoin.

«Mort à l'Amérique, à Israël et à la Grande-Bretagne!», a crié la foule au moment de l'exécution, selon des images transmises par la télévision d'État.

Les deux hommes, âgés d'une vingtaine d'années, ont été pendus sur le lieu de leur crime, où ils avaient placé en octobre 2005 deux bombes artisanales dans des poubelles d'une rue commerçante d'Ahvaz, capitale de la province du Khouzestan. Six personnes ont été tuées et près de 100 blessées.

Selon le vice-gouverneur de cette province pétrolière dont environ la moitié de la population est arabe, Mohsen Farokh-Nejad, les coupables avaient «des tendances wahhabites et salafistes (sunnites radicaux)», dont l'«objectif était d'approfondir les tensions ethniques et de nuire à l'unité nationale».

Cinq autres personnes liées aux violences à Ahvaz, dont le père de l'un des deux condamnés à mort, ont été condamnées à des peines de prison allant de 2 à 20 ans, selon des responsables.

Les «aveux» des deux suppliciés ont été diffusés à la télévision d'État mercredi soir.

Ali Affraoui a dit à la télévision avoir été en contact avec des séparatistes exilés, dont Mahmoud Ahmad Al-Ahwazi, alias Abou Bachar, chef du Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz, basé à Londres. Mehdi Navasseri a avoué avoir placé l'une des bombes, tandis que l'un des condamnés à la prison a fait part de l'intention du groupe de se réfugier en Suisse.

Ahvaz connaît des tensions depuis plusieurs mois, avec des attentats et des heurts entre la population arabe et les forces de sécurité. Plusieurs attentats meurtriers en 2005 ont été revendiqués par des groupes séparatistes arabes. Le dernier attentat y a fait en janvier huit morts et 46 blessés.

Les Arabes représentent 3% des 69 millions d'Iraniens, majoritairement persanophones.

Téhéran a accusé les forces britanniques stationnées dans le sud de l'Irak, qui borde le Khouzestan, d'implication dans les violences. Londres a démenti.

Les pendaisons portent à 24 le nombre de personnes exécutées en Iran depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP basé sur des informations de presse et des témoins.

La trahison, l'espionnage, le meurtre, l'attaque à main armée, le trafic de drogue à partir de plus de 5 kg d'opium saisis, le viol et la sodomie, l'adultère, la prostitution et l'apostasie sont passibles de la peine de mort en Iran.

En février, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a dénoncé «l'augmentation alarmante des exécutions» en Iran, surtout selon elle depuis l'élection du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2005.
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