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Réconciliation nationale: des centaines d'islamistes libérés depuis début mars

dépêche de presse du 13 mars 2006 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Algérie
Thème :
ALGER - Des centaines d'islamistes algériens détenus pour terrorisme, dont plusieurs chefs, ont été libérés depuis début mars en Algérie, alors que des centaines d'autres doivent l'être ces prochaines semaines, en application d'une récente loi sur la "réconciliation nationale".

Depuis le 4 mars, plus de 300 islamistes ont été libérés des prisons algériennes, selon un décompte établi d'après des informations officielles et de presse.

L'un des anciens chefs du Groupe islamique armé (GIA), Abdelhak Layada, dit Abou Adlane, condamné à mort par la justice algérienne et extradé du Maroc en 1993, figure parmi les derniers islamistes relâchés.

Selon son fils Adlane, Abdelhak Layada a été accueilli dimanche à sa sortie de la prison de Serkadji d'Alger par l'ancien numéro 2 du Front islamique du salut (FIS-dissous), Ali Belhadj, qui avait été lui-même libéré le 6 mars en application de cette loi.

Ali Belhadj, libéré une première fois en 2003 après avoir purgé 12 ans de réclusion, était sous mandat de dépôt depuis le 27 juillet 2005 après avoir fait une déclaration à la chaîne arabe Al-Jazira sur l'enlèvement de deux diplomates algériens assassinés en juillet à Bagdad par le groupe d'Abou Mossab Al-Zarqaoui.

La loi, dite "Charte pour la paix et la réconciliation nationale", adoptée le 29 septembre dernier par référendum à l'initiative du président Abdelaziz Bouteflika, prévoit la libération de plus de 2.600 détenus, pour mettre fin aux violences qui ont fait plus de 150.000 morts en Algérie depuis 1992.

Elle offre également le pardon aux islamistes armés n'ayant pas commis des crimes de sang et se trouvant encore dans les maquis, à condition qu'ils se rendent dans un délai de six mois, aux termes d'un ordonnance de "mise en oeuvre" adoptée le 27 février par le conseil des ministres.

Selon la loi sur la réconciliation nationale, les détenus déjà condamnés définitivement pour des "faits ne portant pas sur les massacres collectifs, viols, et usage d'explosifs dans des lieux publics" seront "graciés".

Les détenus qui ne sont pas encore condamnés définitivement vont bénéficier d'une "commutation et d'une remise de peine".

La Charte prévoit également "l'extinction des poursuites judiciaires" pour les islamistes armés qui ont mis fin à leurs activités et se sont rendus aux autorités, mais n'ont pas été "impliqués dans des massacres collectifs, viols ou des attentats à l'explosif dans des lieux publics".

Le bénéfice de cette loi sera également accordé à ceux, condamnés par défaut ou par contumace mais non impliqués dans "les massacres collectifs, viols et usage des explosifs dans les lieux publics", qui se présenteront dans ce délai de six mois.

Dans le cadre de cette dernière disposition, plusieurs chefs islamistes en exil à l'étranger devraient rentrer en Algérie, notamment Anouar Haddam, qui est aux Etats-Unis, et Rabah Kébir, vivant en Allemagne.

D'autres libérations sont attendues dans les semaines qui suivent, selon la presse algérienne, qui cite notamment la remise de peine ou la grâce de Kamel Boulemia, condamné à mort pour l'assassinat d'un ancien responsable du FIS.

La réconciliation nationale prévoit, en outre, l'arrêt de toute poursuite contre les forces de sécurité, ce que récusent les organisations de défense des droits de l'Homme, et le réglement du douloureux cas des "disparus" par des indemnisations financières. Ce terme désigne des personnes arrêtées par les services de sécurité entre 1992 et 1998 et disparus depuis.
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