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La peine de mort d'Öcalan commuée en prison à vie

dépêche de presse du 3 octobre 2002 - Reuters
Pays :
peine de mort / Turquie
ANKARA (Reuters) - La justice turque a officiellement commué en peine de prison à perpétuité la condamnation à mort prononcée en 1999 contre le leader kurde Abdullah Öcalan, rapporte l'agence anatolienne de presse.


Le chef de file du Parti des travailleurs kurdes (PKK), qui a mené la lutte des Kurdes contre le pouvoir central, est détenu à l'isolement sur l'île-prison d'Imrali depuis son arrestation au Kenya par un commando des forces spéciales turques.


La décision de la Cour de sécurité de l'Etat d'Ankara fait suite à l'abolition de la peine de mort en août dernier par les autorités turques afin de se conformer aux critères européens en matière de droits de l'Homme, précise l'agence officielle.


Au total, une vingtaine de condamnés à mort devraient voir leur peine commuée en prison à perpétuité.


Mais l'arrêt de la Cour de sécurité de l'Etat, même s'il n'est qu'une formalité, revêt une forte valeur symbolique dans le pays.


Lors du procès d'Abdullah Öcalan sur l'île d'Imrali, des groupes de manifestants s'étaient rassemblés à proximité pour réclamer que celui que la presse turque qualifiait de "tueur d'enfants" soit pendu rapidement.


A l'opposé, la décision de jeudi peut être mise en avant par les partisans d'un rapprochement de la Turquie avec l'Union européenne comme une preuve concrète de l'amélioration des droits de l'Homme.


REACTION POSITIVE A BRUXELLES


L'Union européenne doit réexaminer la semaine prochaine les progrès enregistrés par les différents pays candidats à l'adhésion et la peine de mort était un des points de tension entre Ankara et Bruxelles, même si la dernière pendaison remonte à 1984.


Le commissaire européen à l'Elargissement, Günter Verheugen, a réagi positivement à la décision turque. "Je me félicite de cette décision qui est conforme à l'esprit de réformes récemment adoptées en Turquie", a-t-il dit.


Jugé pour trahison, Abdullah Öcalan a été reconnu responsable de la mort de 30.000 personnes en seize années de lutte dans le sud-est turc.


Sa capture au Kenya au terme d'une traque entamée en Syrie, où il vivait, couronnait une série de succès militaires turcs contre les rebelles du PKK. De sa cellule, Öcalan a lancé à ses hommes un appel au cessez-le-feu et tenté d'obtenir un règlement négocié avec l'Etat turc. Mais les autorités avaient considéré cette initiative comme une manoeuvre visant à obtenir par des moyens politiques ce qu'Öcalan n'avait pu obtenir par les armes.


Le PKK est encore actif en Turquie mais de sources proches des services de sécurité, on souligne que la violence a chuté et que la plupart des combattants kurdes se sont retirés dans le nord de l'Irak et de l'Iran.
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