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L'ex-dictateur éthiopien Mengistu encourt la peine de mort

dépêche de presse du 12 décembre 2006 - Reuters
Pays :
peine de mort / Ethiopie
ADDIS-ABEBA (Reuters) - Le verdict du procès de l'ancien dictateur éthiopien Mengistu Haïlé Mariam, jugé par contumace pour génocide et crimes contre l'humanité, sera connu ce mardi après 12 années de procédure.

L'ancien dictateur marxiste, qui vit en exil au Zimbabwe, risque la peine de mort s'il est déclaré coupable. Il est accusé d'avoir fait mourir des milliers de personnes de faim ou via des purges durant les 17 années d'un règne marqué par la terreur.

Le verdict aurait dû être rendu en mai mais la Cour suprême avait alors fait savoir que le tribunal avait besoin d'un délai supplémentaire pour examiner l'ensemble du dossier.

Chassé du pouvoir en 1991 par un mouvement de guérilla dirigé par l'actuel Premier ministre Mélès Zénawi, Mengistu Haïlé Mariam était parvenu au pouvoir en 1974 après avoir renversé l'empereur Haïlé Sélassié.

Au cours de la purge la plus connue, celle de 1977-78, les supposés opposants étaient étranglés ou abattus. Leurs corps étaient ensuite jetés dans les rues.

"Mengistu pensait réparer les injustices de ses prédécesseurs féodaux, mais il a fini pas faire plus de mal qu'eux", commente Ephraïm Zwede, un homme d'affaires.

Mengistu est jugé par contumace à Addis-Abeba en même temps que 73 autres accusés, parmi lesquels l'ancien Premier ministre Fikré Sélassié Wogdéresse et l'ancien vice-président Fissiha Desta.

Quelque 40 responsables sont sous les verrous et 27 sont jugés par contumace. Quelques-uns sont morts depuis le début de la procédure en 1992. Le procès a formellement commencé en 1994.

Le meurtre le plus célèbre dont est accusé Mengistu est celui d'Haïlé Sélassié, qui aurait été étranglé dans son lit et enterré en secret sous des latrines de son palais.

Les anciens officiels du régime Mengistu sont aussi accusé d'avoir tué plus de 1.000 personnes, dont 60 hauts responsables, ministres et membres de la famille royale.

Selon des témoins, on réclamait aux membres des familles venant récupérer leurs morts à la morgue le paiement des balles qui les avaient tués. Selon le témoin Gizaw Tefera, les soldats qui ont tué son père ont tranché sa tête et l'ont mise aux enchères sur un marché.

"Personne ne voulait acheter la tête de mon père", a-t-il déclaré en 2000.

Selon un expert légiste argentin, certains restes exhumés montrent que les victimes ont été exécutées par strangulation.

"Nous avons trouvé des cordons de nylon vert serrés autour de leur cou", a déclaré Mercedes Doreth en 2002.

En 1984, Mengistu a nié pendant plusieurs mois la famine qui ravageait le nord de l'Ethiopie. Des membres d'organisations humanitaires se rappellent sa fuite en avion pour célébrer l'anniversaire de sa révolution. Un million de personnes étaient mortes de faim.

Nombreux sont les Ethiopiens qui voudraient voir Mengistu rendre des comptes dans son pays mais il est peu probable que le président zimbabwéen Robert Mugabe accepte d'extrader l'ancien dictateur qui avait soutenu sa guérilla indépendantiste dans l'ex-Rhodésie dans les années 1980.
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