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L'ancien vice-président irakien Ramadan condamné à mort

dépêche de presse du 12 février 2007 - Reuters
Pays :
peine de mort / Irak
BAGDAD (Reuters) - La Haute Cour irakienne a condamné lundi l'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan à être pendu pour "crime contre l'humanité", malgré les appels à la clémence lancés par l'Onu et plusieurs organisations de défense des droits de l'homme.

Ramadan avait été condamné à la prison à vie en novembre au terme du procès des responsables présumés du massacre de 148 chiites à Doudjaïl dans les années 1980, qui a débouché sur la condamnation à mort et la pendaison de Saddam Hussein et de deux autres ex-dirigeants irakiens.

Un cour d'appel avait ensuite disposé que Ramadan méritait aussi d'être pendu, ce qu'a confirmé lundi le président de la Haute Cour, Ali Al Kahachi, bien que l'accusé, qui peut encore faire appel de la sentence, maintienne n'avoir "rien fait de mal".

"Je jure devant Dieu tout-puissant que je suis innocent et qu'il se vengera sur quiconque m'a accablé", s'est exclamé l'accusé, issu d'une famille de paysans de la région de Mossoul, dans le nord du pays, où il a été capturé par des combattants kurdes en août 2003 avant d'être livré à l'armée américaine.

Portant des lunettes à grosse monture noire et coiffé du traditionnel keffieh rouge et blanc, l'accusé n'a montré aucune émotion lors de l'énoncé du verdict.

La Haute Cour avait estimé en novembre que Ramadan avait lui-même donné l'ordre d'arrêter, de torturer et de massacrer hommes, femmes et enfants de Doudjaïl en représailles d'une tentative d'assassinat qui visait Saddam Hussein lors d'une visite dans ce village.

"FAUCON"

Selon l'ONG Human Rights Watch, non seulement le procès initial des responsables du massacre de Doudjaïl a laissé à désirer du point de vue de l'équité, mais en outre la preuve de l'implication de Ramadan dans cet épisode sont ténues.

Pour sa part, Louise Arbour, haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, avait invité la Cour a épargner la vie de l'accusé en invoquant la légalité douteuse de la peine de mort au regard du droit international.

Ramadan et Izzat Ibrahim, l'autre ancien vice-président, que l'on croit réfugié aujourd'hui en Syrie ou au Yémen, sont les deux seuls survivants du groupe à l'origine du coup d'Etat de 1968 qui avait ramené le parti socialiste panarabe Baas au pouvoir à Bagdad.

Membre du Conseil de commandement de la révolution, Ramadan appartenait au premier cercle de l'entourage de Saddam Hussein, qui faisait confiance à ce faucon du régime pour réprimer toute velléité d'opposition ou de révolte.

En devenant ministre de l'Industrie dans les années 1970, il aurait, murmure-t-on, déclaré à ses collègues: "Je ne connais pas grand chose à l'industrie mais ce que je sais, c'est que quiconque ne travaillera pas durement sera exécuté."

Cet ancien employé de banque qui avait rejoint le Baas dès 1956 avait montré en 1970 qu'il ne plaisantait pas en présidant un tribunal révolutionnaire qui a fait exécuter 44 officiers pour complot contre le régime.

Il avait accédé à la vice-présidence en 1991, année où ses adversaires l'accusent d'avoir réprimé une révolte des chiites du Sud après la première guerre du Golfe. Mais il est accusé aussi d'avoir trempé dans le massacre de milliers de Kurdes trois ans plus tôt dans le Nord.
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