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Ethiopie: 35 opposants condamnés à la perpétuité après les violences de 2005

dépêche de presse du 16 juillet 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Ethiopie
La Haute Cour fédérale de justice d'Ethiopie a condamné lundi à la prison à perpétuité 35 opposants - dont cinq par contumace - en dépit des nombreux appels internationaux pour leur libération.

Accusés de "complot contre la Constitution" après les violences post-électorales de 2005, les principaux dirigeants de la Coalition pour l'unité et la démocratie (CUD, principal parti d'opposition), Hailu Shawl et Berahnu Nega, font partie des accusés condamnés à la prison à vie, ainsi qu'un journaliste, Andualem Ayele.

Cependant, la procédure judiciaire n'est vraisemblablement pas achevée car les condamnés ont la possibilité de faire appel, ou d'introduire un recours en grâce.

Quatre autres accusés, dont un journaliste, ont été condamnés à 18 ans de prison lors de ce procès entamé fin 2005 devant un tribunal siégeant à Kaliti, à 25 km de la capitale éthiopienne, Addis Abeba.

Deux autres opposants ont écopé de 15 ans de réclusion, et deux autres journalistes ont été condamnés à trois et 18 mois de prison ferme.

Le président du tribunal, Adil Ahmed, n'a pas suivi les réquisitions du procureur Abraha Tetemke, qui avait réclamé le 9 juillet la peine de mort pour les 38 accusés présents au procès.

"La cour a pris en considération tous les facteurs nécessaires pour donner son verdict", a déclaré le juge Adil, ajoutant: "les accusés ayant pour certains été reconnus coupables de multiples charges, le tribunal a estimé que la prison à vie représente un verdict suffisant".

Le procureur avait requis la peine de mort en estimant que "la peine maximum doit être appliquée aux accusés reconnus coupables d'avoir comploté contre la Constitution".

Ces accusés avaient refusé d'être défendus par des avocats et déniaient à la Haute Cour fédérale le droit de les juger.

Les Etats-Unis, allié du régime éthiopien, s'étaient déclarés "surpris" par le réquisitoire du procureur et avaient demandé une sentence favorable à la réconciliation nationale.

Les organisations de défense des droits de l'Homme ont de leur côté demandé à de nombreuses reprises la libération sans condition des opposants et journalistes détenus.

"La plupart - sinon tous - des condamnés sont des prisonniers de conscience incarcérés pour leurs opinions, qui n'ont pas utilisé ou prôné la violence et ils devraient donc être immédiatement relâchés, sans condition", a protesté Amnesty International après le jugement.

Après le verdict, M. Shawl a fait le signe de la victoire depuis le banc des accusés. La salle d'audience, où se trouvaient des partisans de l'opposition et les familles des accusés, est restée silencieuse.

Un parent d'un accusé a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat que "cette sentence n'est pas une surprise. Mais il n'y a absolument rien à regretter par rapport à ce qu'ils ont fait" au moment des violences électorales.

Le 11 juin 2007, les 38 avaient été déclarés coupables de violation de la Constitution. Le 24 juin, un des avocats de l'opposition avait affirmé qu'ils avaient signé un document dans lequel ils reconnaissaient avoir commis des "erreurs".

Au total, une centaine d'organisations et de personnes, parmi lesquelles des journalistes et des responsables de l'opposition, ont été poursuivies après la vague de violences qui avait suivi les législatives de 2005 et fait près de 200 morts, selon une commission d'enquête du Parlement éthiopien.

Les élections législatives de 2005 ont été remportées officiellement par la coalition au pouvoir, mais entachées de fraudes selon l'opposition. Le gouvernement éthiopien a régulièrement accusé la CUD, depuis ce scrutin, de fomenter des violences et de préparer un coup d'Etat.
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