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Trois condamnés à mort pendus au Japon avant un remaniement ministériel

dépêche de presse du 23 août 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Japon
Shōkō Asahara
TOKYO - Trois meurtriers condamnés à mort, des sexagénaires, ont été pendus jeudi à l'aube au Japon, portant à dix le nombre d'exécutions capitales depuis décembre 2006, a annoncé le ministère de la Justice.

"Le ministère de la Justice a exécuté aujourd'hui trois criminels qui avaient été condamnés à mort", a déclaré une porte-parole du ministère.

Conformément à la pratique, ni les identités des condamnés, ni les crimes qui les ont envoyés au gibet n'ont été officiellement dévoilés.

Toutefois, selon Amnesty International et les médias locaux, il s'agit de trois sexagénaires: Hifumi Takezawa, né en 1937, Kozo Segawa, né en 1947, et Yoshio Iwamoto, né en 1945.

Takezawa avait été condamné à mort en 2000 pour trois meurtres commis dans les années 1990. Segawa avait pour sa part été condamné en 2001 pour le meurtre d'un couple lors d'un cambriolage. Quant à Iwamoto, il avait été reconnu coupable en 2001 de deux meurtres lors d'attaques à main armée.

"Les trois prisonniers faisaient partie de ceux dont nous redoutions l'exécution imminente car ils avaient renoncé à poursuivre les recours contre leurs condamnations à mort", a expliqué le secrétaire général d'Amnesty International pour le Japon, Makoto Teranaka.

Il est courant au Japon que des condamnés soient pendus juste avant un changement de gouvernement et la nomination d'un nouveau ministre de la Justice. Un remaniement ministériel est attendu lundi.

Ces exécutions portent à six le nombre de condamnés mis à mort depuis le mois de janvier.

Trois autres condamnés à mort pour meurtres avaient été pendus le 27 avril.

Le 25 décembre 2006, jour de Noël, les autorités japonaises avaient envoyé à la potence quatre condamnés pour meurtres, dont deux septuagénaires.

Ces exécutions avaient mis un terme à un moratoire de facto de plus de quinze mois, en raison des convictions abolitionnistes du ministre de la Justice de l'époque, l'avocat bouddhiste Seiken Sugiura.

Pour qu'un condamné soit pendu, la loi japonaise exige qu'un ordre d'exécution soit personnellement signé par le ministre de la Justice. Or M. Sugiura avait toujours refusé de parapher ces arrêts de mort.

Il a été remplacé en septembre 2006 par l'actuel ministre, Jinen Nigase, un partisan de la peine capitale.

Le nombre de condamnés attendant dans les couloirs de la mort japonais après avoir épuisé toutes les voies de recours dépasse actuellement la centaine.

En 2006, 22 personnes ont été condamnées à mort par la justice nippone.

Réputé pour sa faible criminalité, le Japon est, avec les Etats-Unis, le seul grand pays industrialisé à ne pas avoir aboli la peine capitale.

Régulièrement interpellées par les associations de défense des droits de l'homme et l'Union européenne abolitionniste, les autorités nippones rappellent que 80% des Japonais sont partisans de la peine de mort, selon les sondages.

"Beaucoup de pays qui ont aboli la peine capitale ont jugé que les droits de l'homme étaient plus important que l'opinion de la population. Le Japon doit cesser d'utiliser la popularité de la peine de mort comme excuse pour la maintenir", a estimé le responable d'Amnesty au Japon.

Le condamné le plus célèbre du pays est Shoko Asahara, gourou fondateur de la secte Aum Vérité Suprême, condamné au gibet en 2004 pour un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo (12 morts et 5.500 blessés) en 1995 ainsi que pour 15 autres homicides.
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