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L'Autriche demande à Pékin de renoncer à l'exécution d'un "espion" présumé

dépêche de presse du 7 avril 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
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VIENNE - Les plus hautes autorités autrichiennes ont demandé à Pékin de renoncer à exécuter un biochimiste accusé d'espionnage au profit de Taïwan, Wo Weihan, qui a longtemps vécu en Autriche, a indiqué lundi le ministère des Affaires étrangères.

"Le président de la République Heinz Fischer, la présidente du Parlement Barbara Prammer et la ministre des Affaires étrangères Ursula Plassnik ont adressé des demandes en ce sens à leurs homologues chinois", a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère, Alexander Schallenberg.

Etabli de 1990 à 1997 en Autriche et père d'une Autrichienne, M. Wo, 59 ans, a été arrêté en janvier 2005 à Pékin sous l'accusation d'avoir transmis à Taipei des renseignements de nature militaire, dont des copies de plans de missiles.

Le biochimiste, qui clame son innocence, a été condamné à mort en mai 2007 et a vu sa peine confirmée le 24 mars par la Cour d'appel de Pékin. En vertu d'une législation adoptée l'an dernier, cette peine doit encore être validée par la Cour suprême populaire.

"Notre première priorité est que la peine de mort ne soit pas appliquée", a souligné M. Schallenberg, en précisant que la présidence slovène de l'Union européenne devait relayer cette démarche ce lundi au nom des 27 via son ambassade à Pékin.

Recevant son homologue slovène Danilo Türk lundi à Vienne, M. Fischer a précisé à la presse que la demande à Pékin était formulée de façon "polie et respecteuse" et relevait "non d'une interférence dans les affaires intérieures (chinoises), mais d'une opposition fondamentale à la peine de mort".

"Toute législation prévoit des alternatives à la peine de mort", a pour sa part rappelé le chef d'Etat slovène.

M. Wo, qui aurait subi une hémorragie cérébrale au début de sa détention et aurait dans un premier temps livré des aveux en l'absence d'avocat, s'est ensuite rétracté, selon sa famille.

"Je supplie la Cour suprême de demander un réexamen des faits", a déclaré au quotidien Standard sa fille, Ran Chen, qui a déploré n'avoir jamais été autorisée à rendre visite à son père depuis le début de sa détention.

Interrogé par le journal autrichien, le directeur de l'ONG d'assistance aux prisonniers en Chine, Duihua, John Kamm, a lui aussi douté de la culpabilité de M. Wo, relevant qu'il s'agissait de la première fois, à sa connaissance, qu'un civil était condamné à mort en Chine pour espionnage militaire.

Selon M. Kamm, "voilà un cas très concret pour évaluer la réforme" de la justice chinoise, que Pékin a voulu symboliser avec l'examen des peines capitales par la Cour suprême populaire afin de limiter les erreurs judiciaires.
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