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Maroc: neuf détenus islamistes s'échappent de la prison de Kenitra

dépêche de presse du 7 avril 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Maroc
CASABLANCA (AFP) — Neuf islamistes marocains, dont un condamné à mort, se sont échappés lundi du pénitencier de Kenitra, au nord de Rabat, en creusant un tunnel, ont indiqué les autorités.

C'est la première évasion d'islamistes depuis la vague d'arrestations après les attentats de Casablanca de mai 2003 qui avaient fait 45 morts dont 12 kamikazes.

Dans un communiqué, le ministère de la Justice précise que "l'évasion a été constatée lundi matin par l'administration pénitentiaire et que toutes les dispositions ont été prises pour retrouver les prisonniers évadés et déterminer les responsabilités".

Une source proche du ministère de l'Intérieur a indiqué que les islamistes avaient creusé un tunnel et que des avis de recherche ont été lancés et les postes frontières mis en état d'alerte.

Abderrahim Mahtade, président de l'association Annassir de soutien aux prisonniers islamistes, a dit à l'AFP qu'ils "avaient réussi à s'enfuir lundi après la prière de l'aube, c'est-à-dire vers 05H30 (locales et GMT)".

Selon lui, il s'agit en définitive d'un condamné à mort, de quatre à la réclusion criminelle à perpétuité et de quatre à vingt ans de prison. Tous sont tous originaires de Casablanca. Il avait auparavant donné une répartition différente. Certains ont été arrêtés avant les attentats de 2003.

M. Mahtade a annoncé que les évadés avaient laissé une lettre où "ils dénoncent l'injustice dont ils sont victimes". "Nous avons exploité en vain tous les recours légaux et frappé à toutes les portes. Il ne nous restait que ce moyen pour retrouver notre liberté", assurent-ils dans ce texte.

"Nous faisons porter la responsabilité à ceux qui nous ont condamnés. Il ne ne faut pas chercher de complicité parmi les détenus ou l'administration pénitentiaire. Nous ne ferons de mal à personne et nous sommes heureux d'avoir recouvrer notre liberté chérie", ajoutent-ils.

Les parents des évadés ont affiché leur surprise. "Je lui ai rendu visite il y a quatre jours et je l'ai trouvé normal", a affirmé à l'AFP Touda, 66 ans, le mère d'Abdelhadi Dahbi, 50 ans, condamné à mort en avril 2003 pour le meurtre d'un policier.

"Où êtes vous? Avant je pouvais vous rendre visite mais maintenant vous avez disparu et Dieu sait si je vous reverrai. Revenez", a déclaré Touria Chatbi, 37 ans, la soeur de Kamal, 25 ans et Mohamed, 35 ans, condamnés en juillet 2003 à 20 ans de prison. Selon elle, ils ont été arrêtés en septembre 2002 en venant d'Espagne où ils résidaient avec leur mère.

Elle a indiqué que la police venait d'arrêter son père. "Il a été amputé d'une jambe, en raison du diabète, après la condamnation de ses deux fils, je crains que cette fois il perde la seconde", a assuré Touria.

La mère d'Hicham al-Alami, condamné à la prison à vie le 19 août 2003, s'est évanouie en apprenant l'évasion de son fils. Elle manifestait lundi avec une soixantaine d'autres femmes devant la prison d'Okacha, à Casablanca contre les conditions d'incarcération. "J'ai ressenti la même sensation que si j'avais appris son exécution", a-t-elle dit aux autres manifestantes.

Ces dernières, réunies en fin d'après-midi dans les locaux de l'association Annassir à Casablanca, ont assuré que leurs proches étaient innocents et ont demandé la grâce royale.

Le nombre des détenus islamistes marocains est estimé à plus de 900 répartis dans onze prisons. Ils observaient lundi une grève de la faim de 24 heures en solidarité avec la centaine de leurs camarades d'Okacha, Berrechid (130 km au sud de Rabat) et Mohammedia (80 km au sud de Rabat) qui refusent de s'alimenter depuis trois semaines pour protester contre leurs conditions de détention, a confié M. Mahtade.
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