Plan du site

Ethiopie: l'ex-dictateur Mengistu et 17 collaborateurs condamnés à mort en appel

dépêche de presse du 26 mai 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Ethiopie
ADDIS ABEBA (AFP) — La Cour suprême d'Ethiopie a condamné à mort par contumace lundi en appel l'ancien dictateur éthiopien Mengistu Hailé Mariam et 17 de ses anciens collaborateurs après une procédure de plus de dix ans.

La cour a suivi les réquisitions de l'accusation qui souhaitait que la peine d'emprisonnement à perpétuité prononcée en première instance en janvier 2007 soit commuée en peine de mort pour M. Mengistu et certains de ses co-accusés.

"La cour a décidé de révoquer les appels à la clémence des accusés. Elle les a condamnés à mort", a déclaré dans son verdict le président du tribunal, le juge Desta Gebru.

"Ils ont torturé et exécuté en public des milliers d'innocents, ce qui correspond à la qualification de génocide selon la loi éthiopienne", a-t-il ajouté pour expliquer ce jugement.

Le juge Desta a précisé que le tribunal attendait la confirmation de la sentence par le président de la République, Girma Woldegiorgis, pour fixer une date à l'exécution. M. Girma est le seul aujourd'hui a pouvoir accorder la grâce aux condamnés qui n'ont plus de recours possible.

"Tous les accusés sont coupables de génocide, meurtres, confiscations illégales de biens et arrestations illégales d'innocents. En conséquence, ils recevront la punition la plus sévère de la loi éthiopienne", a précisé le juge, soulignant que "les massacres et abus" perpétrés par les accusés n'ont pas été que le résultat "du chaos qui a fait suite au coup d'Etat mais se sont poursuivis plusieurs années après la mort de l'Empereur".

A la lecture du verdict, nombre des parents des accusés, dont la plupart ont dépassé la soixantaine, présents dans la salle d'audience ont éclaté en sanglots. Aucun n'a souhaité répondre aux questions de l'AFP.

"La justice a été rendue", a déclaré lundi par téléphone Mulugeta Asarate, petit cousin d'Haïlé Sélassié et dont le père a été exécuté pendant la Terreur Rouge.

"La mort des responsables du (conseil militaire du) Derg ne ramènera pas à la vie les milliers de morts provoquées par le régime passé durant son règne. Mais merci à Dieu, nous avons vécu assez longtemps pour voir ce jour", a-t-il ajouté après le verdict de la Cour suprême.

Parmi les autres condamnés à mort se trouve Legesse Asfaw, membre du Derg et connu aussi sous le nom de "boucher du Tigré" à cause de massacres dans cette région, l'ancien vice-président Fisseha Desta, et l'ancien Premier ministre Fikresellasié Wogderes.

La peine de mort est parfois prononcée en Ethiopie, mais aucun condamné n'a été exécuté depuis août 2007. Deux personnes ont été exécutées ces dix dernières années.

L'ex-dictateur, qui vit en exil au Zimbabwe depuis le renversement de son régime en 1991, avait été reconnu coupable le 12 décembre 2006 de génocide pendant la période baptisée la "Terreur rouge" (1977-78).

Dans son verdict rendu le 11 janvier 2007, à l'issue d'un procès fleuve de plus de dix ans, la Haute cour fédérale avait pris en compte "les appels à la clémence" de la défense pour refuser de le condamner à mort.

Les procès des responsables du régime Mengistu, accusés d'avoir fait exécuter ou disparaître une centaine de milliers d'Ethiopiens pendant la Terreur rouge, ont débuté à Addis Abeba le 13 décembre 1994. Celui du "Négus rouge", surnom du colonel Mengistu qui a dirigé l'Ethiopie de 1977 à 1991, avait commencé il y a onze ans.

M. Mengistu, 70 ans, avait pris la tête du régime militaro-marxiste éthiopien, le 3 février 1977, lors d'un coup d'Etat sanglant qui lui assurait le contrôle du Derg, conseil militaire formé par des officiers dirigeant le pays depuis la chute de l'empereur Hailé Sélassié, en 1974.

Les deux années qui suivirent (1977-1978) furent marquées par de nombreuses arrestations et des milliers d'assassinats dans le pays.
Partager…