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Chine: condamnations à mort dans le scandale du lait à la mélamine

dépêche de presse du 22 janvier 2009 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Chine
PEKIN (AFP) — La Chine a voulu frapper fort en annonçant jeudi trois condamnations à mort, dont l'une avec sursis, dans l'affaire du lait contaminé à la mélamine qui a tué six enfants et porté atteinte à son image à l'étranger, mais ce sont surtout les trafiquants qui ont payé.

Sur les 21 accusés au total, trois autres personnes ont écopé de la prison à vie et les 15 autres de peines allant de 2 à 15 ans d'emprisonnement, a précisé la télévision nationale dans son journal du soir.

Trois hommes ont été condamnés à mort, dont l'un avec sursis, pour leur implication dans le scandale du lait frelaté qui a également rendus malades 300.000 enfants l'an dernier, a annoncé l'agence Chine Nouvelle.

L'ancienne patronne de Sanlu, figure emblématique du groupe au coeur de cet énorme scandale et ancien cadre du Parti communiste (PCC), accusée d'avoir étouffé l'affaire, fait partie des trois personnes condamnées à la prison à perpétuité.

Ces verdicts ont été annoncés par plusieurs tribunaux du nord de la Chine, quelques semaines après les procès des 21 accusés.

Zhang Yujun, qui a produit de la poudre contenant de la mélamine et en a écoulé 600 tonnes, a été condamné à mort pour avoir "mis en danger la sécurité publique".

Un autre trafiquant a été condamné à la peine de mort pour son implication dans ce scandale qui avait éclaté en septembre et provoqué une psychose en Chine, entraînant à travers le monde des retraits des produits chinois contenant du lait.

Un 3e homme a écopé d'une condamnation à mort avec sursis qui sera probablement commuée en prison à vie.

Tian Wenhua, 66 ans et ex-directrice de Sanlu, était la plus haute personnalité jugée dans cette affaire qui avait coûté leur poste au chef du PCC de Shijiazhuang (nord, siège de Sanlu) et au maire de la ville.

Cette édile locale du Parti et du parlement provincial avait été accusée d'avoir produit et vendu des produits "faux et de qualité inférieure" et encourait la prison à vie, mais pas la peine de mort.

Mme Tian avait pour co-accusés trois anciens cadres de Sanlu, qui ont écopé de cinq à 15 ans de prison.

Sanlu, l'un des fleurons de l'industrie laitière chinoise désormais en quasi-faillite, s'est vu infliger une amende de 50 millions de yuans (5,6 millions d'euros) et son ex-directrice de 20 millions de yuans.

Sanlu a été accusé d'avoir étouffé l'affaire pendant plusieurs mois avant d'avertir les autorités locales, lesquelles, à la veille de l'ouverture des jeux Olympiques de Pékin, ont également tardé à réagir.

Mais aucun politique n'a eu de compte à rendre devant la justice.

Liu Donglin, père d'un enfant tombé malade, a regretté que ces responsables aient été épargnés. "Les autorités gouvernementales devraient être punies", a-t-il dit.

Des parents et avocats se sont demandé comment un scandale aussi massif impliquant 22 compagnies laitières pouvait se solder par le procès de seulement 21 accusés, qu'ils ont estimés être des boucs émissaires.

L'enquête a permis de déterminer que ces sociétés avaient vendu du lait trafiqué avec la mélamine, produit destiné aux colles, aux résines ou aux engrais qui simule, lors des tests de contrôle, un apport en protéines.

C'est la mélamine qui a provoqué chez les nourrissons et jeunes enfants de graves problèmes rénaux, souvent des calculs.

Les 22 entreprises ayant mis sur le marché des produits frelatés ont, de leur côté, annoncé la création d'un fonds spécial d'indemnisation, doté de 160 millions de dollars.

Mais familles et avocats des victimes ont souligné que certains parents d'enfants tombés malades ne recevraient que 300 dollars et 200 familles ont saisi la Cour suprême pour de meilleures compensations.

Précédée par de nombreux autres scandales alimentaires, l'affaire de la mélamine avait encore davantage écorné la réputation des produits chinois dans le monde.
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