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Exécution du Britannique condamné en Chine pour trafic de drogue

dépêche de presse du 29 décembre 2009 - Reuters
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URUMQI, Chine - La Chine a exécuté mardi matin dans la province du Xinjiang un Britannique condamné pour trafic de drogue, a annoncé le Foreign Office, et cette décision a été aussitôt fermement critiquée par le Premier ministre Gordon Brown.

La famille d'Akmal Shaikh et le gouvernement britannique avaient appelé Pékin à faire preuve de clémence, soulignant que l'ancien homme d'affaires souffrait de troubles bipolaires.

Mais quelques heures avant l'exécution, la Cour suprême chinoise a rejeté un appel en l'estimant insuffisamment étayé et en affirmant que Shaikh n'avait apporté aucune preuve qu'il souffrait de troubles mentaux.

"Je condamne l'exécution d'Akmal Shaikh dans les termes les plus fermes. Je suis consterné et déçu de voir que nos constants appels à la clémence n'ont pas été entendus. Je m'inquiète particulièrement qu'aucun examen de santé mentale n'ait été effectué", a déclaré le Premier ministre britannique dans un communiqué.

A Londres, un porte-parole du Foreign Office a indiqué que la Grande-Bretagne a été informée de l'exécution de Shaikh par les autorités chinoises.

Pékin a vivement réagi aux propos de Gordon Brown, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères affirmant que "personne n'a le droit de critiquer la souveraineté de la justice chinoise".

"Nous exprimons notre vif mécontentement et notre inébranlable opposition aux accusations britanniques sans fondement", a dit Jiang Yu.

"Nous appelons la partie britannique à rectifier ses erreurs et à éviter de détériorer les relations sino-britanniques", a poursuivi Yu. "Nous espérons que la partie britannique puisse considérer cette affaire de manière rationnelle et ne crée pas de nouveaux obstacles dans les relations bilatérales. Il s'agit d'une affaire criminelle isolée qui n'a rien à voir avec d'autres questions", a-t-il conclu.

A l'annonce de cette exécution, la famille de Shaikh s'est déclarée "abasourdie et déçue", reprochant aux autorités chinoises de ne pas avoir pris en compte l'état mental du condamné.

"Nous sommes surpris par l'argument selon lequel Akmal aurait dû fournir lui-même la preuve de son fragile état mental", écrit la famille dans un communiqué.

Shaikh avait encore espoir lorsque ses proches ont pu le voir à Urumqi ce week-end, indiquait lundi soir son cousin Soohail Shaikh à l'aéroport de Pékin.

"Nous implorons la clémence et la pitié des autorités chinoises afin de contribuer à rassembler une famille brisée par le chagrin", avait-il lancé.

La semaine dernière, le Premier ministre britannique Gordon Brown avait exhorté la Chine à ne pas exécuter Shaikh, natif du Pakistan et arrivé au Royaume-Uni lorsqu'il était enfant.

Les défenseurs du condamné, parmi lesquels l'ONG britannique Reprieve, qui milite contre la peine de mort, affirment qu'il a été piégé par des trafiquants qui lui avaient promis un contrat pour enregistrer un disque.

Il a été arrêté en 2007 et son dernier appel a été rejeté par la justice le 21 décembre.

Reprieve a diffusé sur internet une chanson écrite par Shaikh, "Come Little Rabbit", dont il espérait faire un succès international pour aider à la paix dans le monde.

Aucun Européen n'avait été exécuté en Chine depuis 1951, selon les ONG.

"La question n'est pas de savoir à quel point nous sommes opposés au trafic de drogue. Le Royaume-Uni comme la Chine sont résolus à lutter contre. La question est de savoir si M. Shaikh est devenu une nouvelle victime de ce trafic", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, dans un communiqué de presse.
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