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Hank Skinner, marié à une Française, attend son exécution au Texas

dépêche de presse du 24 mars 2010 - Associated Press - AP
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Hank Skinner devrait être exécuté dans la nuit de mercredi à jeudi au Texas pour un triple meurtre, malgré la mobilisation des opposants à la peine de mort et les efforts de sa femme, une Française, pour obtenir l'analyse génétique d'éléments qui pourraient, selon elle, l'innocenter. Son seul espoir d'un report repose désormais sur la Cour suprême ou le gouverneur du Texas.

Cet homme de 47 ans, ancien ouvrier du bâtiment et du secteur pétrolier, doit être exécuté par injection létale au pénitencier de Huntsville, au Texas, mercredi soir heure locale. Il a été condamné à mort en 1995 pour le meurtre de sa compagne Twila Jean Busby, 40 ans, et des deux fils de celle-ci, Elwin Caler, 22 ans, et Randy Busby, 20 ans, le 31 décembre 1993.

Hank Skinner ne nie pas sa présence sur le lieu du crime, mais a toujours clamé son innocence. Ses avocats arguent qu'il était physiquement incapable de commettre ces meurtres, s'étant évanoui après avoir ingurgité une importante quantité de vodka et de codéine.

Ils demandent la suspension de son exécution le temps de réaliser des tests ADN sur plusieurs éléments qui, selon eux, disculperaient leur client. "Ça fait vraiment peur", a récemment déclaré le condamné, depuis le couloir de la mort. "Je fais des rêves où je reçois une injection (...) Je n'ai pas commis ce crime et je devrais être disculpé".

Le cas de Skinner a déclenché une forte mobilisation des opposants à la peine de mort, notamment en France, où était prévu un rassemblement mercredi après-midi place de la Concorde, à Paris, à l'appel du collectif "Ensemble contre la peine de mort" (ECPM). Depuis 2008, le condamné est marié à une Française, Sandrine Ageorges, 49 ans, qui se trouve depuis quelques jours au Texas et lui a rendu visite après avoir été interdite de parloir pendant plusieurs mois par les autorités texanes.

L'ambassadeur de France à Washington "est intervenu auprès du gouverneur du Texas pour demander la grâce de M. Skinner et pour que soit fait droit à sa demande d'un complément d'enquête", a déclaré le ministère français des Affaires étrangères mercredi. La France réclame l'abolition de la peine de mort dans le monde.

L'organisation ECPM dénonce de son côté "le procès inique qui a amené l'Etat du Texas à condamner à mort Hank" Skinner. Pour Amnesty International, "tous les éléments à charge réunis contre Henry Skinner sont indirects. Ils prouvent uniquement qu'il était présent sur le lieu des crimes, ce qu'il n'a jamais contesté".

Le député socialiste Jack Lang a, lui, écrit directement au gouverneur du Texas Rick Perry, pour lui demander de suspendre l'exécution. "Tout montre que Hank Skinner est innocent des crimes dont on l'accuse. Son procès bâclé s'est conclu après deux heures de délibérations", déclare l'ancien ministre dans ce courrier.

Hank Skinner a été condamné sur la base de traces de sang de deux victimes retrouvées sur ses vêtements et de ses empreintes dans la chambre des deux fils ainsi que sur la poignée d'une porte. Le bureau du procureur a également affirmé que l'accusé, qui souffrait d'une blessure à la main, s'était entaillé en poignardant ses victimes. Skinner assure s'être coupé avec du verre cassé.

Pour ses avocats, Skinner n'était pas en état de tuer qui que ce soit. Ils souhaitent également pratiquer des tests ADN sur plusieurs éléments retrouvés sur les lieux tels que des tampons de Twila Jean Busby, deux couteaux, une serviette et une veste. Leurs demandes ont été systématiquement rejetées en appel au fil des ans.

Les défenseurs de Hank Skinner avancent également que le véritable meurtrier pourrait être l'oncle de Twila Jean Busby, Robert Donnell, un ex-détenu au caractère colérique qui devenait violent sous l'effet de l'alcool. Cet homme est mort en 1997.

Dans leur requête auprès de la Cour suprême, ils estiment qu'ils restent "des questions troublantes et non résolues sur la possibilité qu'avait M. Skinner de commettre ces meurtres". Et, au gouverneur Rick Perry, ils ont demandé de "prendre le temps nécessaire afin d'être scientifiquement certain de la culpabilité de M. Skinner avant d'autoriser son exécution".

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