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Pakistan: le meurtrier présumé de Taseer dit avoir agi seul

dépêche de presse du 10 janvier 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
(AFP) – ISLAMABAD — Le meurtrier présumé du gouverneur du Pendjab affirme avoir agi seul, sans le soutien d'une organisation islamiste, a indiqué lundi à l'AFP la police d'Islamabad qui a recueilli sa confession.

Mumtaz Qadri, un policier de 26 ans, est accusé d'avoir abattu Salman Taseer, qu'il était chargé d'escorter, mardi dernier à la sortie d'un café de la capitale Islamabad.

Selon les enquêteurs, Qadri s'est rendu juste après son crime qu'il a avoué et justifié par le fait que M. Taseer, une figure du Parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir, s'opposait à la loi sur le blasphème, défendue bec et ongles par les religieux conservateurs.

"Mumtaz Qadri a enregistré sa confession, dans laquelle il dit avoir tué Salman Taseer seul, sans l'aide d'une quelconque organisation religieuse ou extrémiste", a déclaré Haroon Joya, chef de la police du quartier d'Islamabad où a eu lieu le meurtre mardi dernier.

"Il est membre du groupe religieux Dawat-e-Islami, mais ce dernier n'est pas impliqué dans le meurtre", a ajouté M. Joya, expliquant que l'accusé a été présenté au tribunal un jour avant (l'audition prévue mardi) "parce qu'il avait enregistré sa confession".

Entendu pour la troisième fois par la justice ce lundi, Qadri a été renvoyé en prison dans l'attente de sa prochaine audition, prévue le 24 janvier, a indiqué l'un de ses avocats, Malik Waheed Anjum.

Initialement prévue ce mardi, cette audition devant le tribunal antiterroriste de Rawalpindi a été avancée par surprise à lundi.

Les deux premières, mercredi et jeudi derniers, avaient été perturbées par des manifestations de centaines de ses partisans, des avocats et étudiants d'écoles coraniques qui l'avaient ovationné et couvert de pétales de rose à son arrivée en réclamant sa libération.

"La police a amené Mumtaz Qadri au tribunal un jour avant pour éviter un affrontement avec la défense", a déploré Me Anjum, ajoutant: "Nous n'étions pas au courant, aucun de nos avocats n'a donc pu rendre au tribunal".

"Il appartient à la justice de convoquer ou non les avocats de la défense", a de son côté répondu M. Joya.

Si le crime a été condamné par les autorités et partis politiques libéraux, Qadri a reçu le soutien des puissants cercles religieux conservateurs, qui ont estimé qu'on ne pouvait juger un homme qui avait défendu l'islam.

Dimanche, plus de 50.000 personnes ont manifesté selon la police à Karachi, principale ville du sud, pour le soutenir et affirmer leur opposition à toute révision de la loi prévoyant la peine de mort en cas de blasphème contre l'islam.

Après une série de manifestations similaires, mais moins importantes, fin décembre, le gouvernement avait souligné qu'il ne comptait pas la réformer.

Salman Taseer avait publiquement soutenu Asia Bibi, une mère de famille chrétienne condamnée à mort, dont le sort dépend maintenant d'un appel auprès d'une cour de Lahore (est), et lui avait rendu visite en prison.

Selon nombre d'analystes, le profil de Qadri, un policier, et le fort soutien que lui a témoigné une partie de la population montrent la forte progression de l'islamisme dans toutes les couches de la société pakistanaise.
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