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Pakistan : l'ONU condamne le meurtre du ministre chargé des minorités

communiqué de presse du 2 mars 2011 - Organisation des Nations Unies
Pays :
peine de mort / Pakistan
2 mars 2011 – Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki moon, et la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, ont condamné mercredi le meurtre du ministre pakistanais chargé des minorités, Shahbaz Bhatti, à Islamabad.

"Le Secrétaire général condamne l'assassinat tragique d'un éminent défenseur des droits des minorités et d'un fervent partisan de la compréhension interconfessionnelle", a indiqué le porte-parole de Ban Ki-moon lors de son point de presse quotidien au siège de l'ONU, à New York. "Le Secrétaire général encourage le gouvernement pakistanais à poursuivre ses efforts pour combattre le terrorisme, protéger les droits des minorités et promouvoir la tolérance", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué distinct, Navi Pillay a elle aussi condamné le meurtre de Shahbaz Bhatti, rappelant qu'en janvier déjà, le gouverneur de la province du Pendjab, Salman Taseer, avait déjà été assassiné en raison de son opposition à la législation sur le blasphème au Pakistan.

"Ces meurtres sont une tragédie pour le Pakistan et ceux qui envisagent un avenir pour le pays centré sur les droits de l'homme. J'espère que le gouvernement ne fera pas que rendre des comptes aux tueurs, mais qu'il réfléchira aussi à la manière de faire face plus efficacement à l'extrémisme qui empoisonne la société pakistanaise", déclare Navi Pillay dans un communiqué.

La Haut commissaire note également que ces assassinats de personnalités sont "symptomatiques de la violence généralisée qui existe au Pakistan à l'égard des minorités religieuses". Elle appelle le gouvernement à déclarer un moratoire sur l'application de la législation sur le blasphème et à lancer un examen approfondi du texte et de ses implications par des experts indépendants et impartiaux.

"J'exhorte le gouvernement du Pakistan à honorer les positions courageuses de Shahbaz Bhatti et Salman Taseer, en soutenant les positions qu'ils ont prises sur la législation sur le blasphème", poursuit-elle. "Procéder autrement, ce serait tout simplement encourager ces actes de violence et d'anarchie, en faire un moyen d'effrayer les gouvernements qui se lancent dans les réformes si nécessaires pour le respect des droits de l'homme. Les meurtriers ne devraient pas être récompensés en obtenant ce qu'ils veulent", insiste encore Navi Pillay.

Dans son communiqué, elle exhorte aussi tous les Pakistanais à condamner ce meurtre, rappelant sa consternation en janvier dernier, quand un certain nombre de dirigeants politiques et religieux, de juristes et de commentateurs des médias ont toléré, ou même accueilli favorablement, l'assassinat de Salman Taseer.

"L'expérience dans le monde entier a montré que les lois sur le blasphème deviennent souvent une épée à double tranchant", ajoute la Haut commissaire. "Bien qu'elles visent à protéger certaines valeurs, elles sont souvent la porte ouverte à des abus et conduisent à des violations de la liberté d'expression, de la liberté de religion et, finalement, du droit à la vie".

Se disant également "préoccupée par les nombreux journalistes, défenseurs des droits humains et fonctionnaires qui ont également été soumis à des menaces de mort pour leur opposition à la loi sur le blasphème", elle demande "instamment" au gouvernement pakistanais "de prendre toutes les mesures appropriées de protection, afin de s'assurer que leur sécurité et leur travail ne sont pas compromis".

Avant de conclure, Navi Pillay souligne "la montée en flèche ces derniers mois d'exécutions extrajudiciaires, d'enlèvements et de disparitions de dirigeants et militants politiques issus des minorités dans la province du Baloutchistan, où plus de 50 cas ont été signalés depuis octobre 2010".

Elle cite notamment les disparitions de deux juges et quatre avocats depuis le 20 février, les attaques répétées contre des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme, et les meurtres de deux coordonnateurs régionaux de l'Organisation non gouvernementale "HRCP".

"Il ya un besoin urgent de leadership politique au Pakistan afin d'endiguer cette vague de violence et d'assurer la protection des défenseurs des droits de l'homme et de tous les citoyens pakistanais", insiste encore la Haut commissaire.
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