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Anesthésiant pour exécution aux USA: 2 condamnés craignent son inefficacité

dépêche de presse du 22 mars 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
PHOENIX (Etats-Unis) - Les avocats de deux condamnés à mort dans l'Arizona ont écrit au ministre américain de la Justice pour obtenir que la police antidrogue saisisse l'anesthésiant venu de Grande-Bretagne qui doit servir à les exécuter, craignant qu'il soit inefficace.

Dans une lettre rendue publique mardi, les avocats de Eric King, qui doit recevoir l'injection mortelle le 29 mars, et de Daniel Wayne Cook, dont l'exécution est programmée le 5 avril, affirment que les autorités pénitentiaires de l'Arizona (sud-ouest) ont "importé illégalement du thiopental qui pourrait être altéré, contrefait ou inefficace".

Ils demandent au ministre de la Justice Eric Holder "d'ordonner à la police antidrogue qu'elle mène une enquête immédiate et minutieuse" sur cette question.

Le 16 mars, la police antidrogue américaine (DEA) avait saisi les stocks de thiopental en possession de la Géorgie (sud-est) afin d'en vérifier la provenance et les conditions dans lesquelles il avait été importé. Trois semaines avant, des avocats avaient écrit une lettre similaire à M. Holder.

L'anesthésiant thiopental, indispensable pour les injections mortelles car il endort le condamné de telle sorte qu'il ne souffre pas lors de l'administration des deux autres produits, très douloureux, est en rupture de stock depuis l'été 2010 aux Etats-Unis. Et fin janvier, le seul laboratoire qui le fabriquait sur le sol américain a annoncé qu'il en arrêtait la production.

Comme plusieurs autres Etats, plutôt que de laisser des exécutions en plan, l'Arizona a décidé d'importer l'anesthésiant via le distributeur Dreampharman, sis dans l'arrière-salle d'une école de conduite à Londres.

Fin octobre, Jeffrey Landrigan a été mis à mort à l'aide de cet anesthésiant importé et avec l'accord de la Cour suprême.

Dans une lettre très détaillée, accompagnée de documents obtenus auprès des instances concernées grâce à la loi américaine sur la liberté d'informer (FOIA), les avocats retracent le cheminement du produit depuis la Grande-Bretagne jusque dans les veines de Jeffrey Landrigan.

Ils confirment que celui-ci a été expédié le 23 septembre 2010, à la demande des autorités pénitentiaires, tenues par une injonction judiciaire de se procurer le produit avant le 1er octobre.

Le 24 septembre, le directeur des autorités pénitentiaires de l'Arizona adresse une lettre au responsable de l'Agence américaine du médicament (FDA) à Phoenix, demandant que soient fait "tous les efforts possibles pour accélérer" les formalités d'entrée.

Le 27 septembre, ce responsable de la FDA à Phoenix prévient à son tour la FDA de Memphis, dans le Tennessee (sud), port d'arrivée du colis, de "ne pas retenir" le paquet.

Or, expliquent les avocats, "dans toute cette correspondance (...), il n'est jamais fait mention de la nécessité d'être enregistré auprès de la DEA" pour se procurer ce type de médicaments, ce qui est requis par la loi.

L'inquiétude des défenseurs des condamnés à mort est qu'un anesthésiant dont la fabrication n'a pas été validée par la FDA puisse avoir un effet moindre. Le deuxième poison administré aux condamnés à mort paralysant leurs muscles, il est en effet impossible pour eux de parler ou de remuer pour manifester qu'ils souffrent.

Selon le journal local Arizona Central, un des avocats présents à l'exécution de Jeffrey Landrigan n'a pas vu les yeux de celui-ci se fermer complètement comme ils auraient dû le faire si l'anesthésiant avait été efficace.
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