Plan du site

Texas: la Cour suprême américaine sursoit à une exécution controversée

dépêche de presse du 16 septembre 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Texas
(AFP) – WASHINGTON — La Cour suprême des Etats-Unis a accordé un sursis de dernière minute à un Noir qui devait être exécuté jeudi soir au Texas, et dont le procès avait été, selon la défense, entaché de considérations raciales, ont indiqué à l'AFP son avocate et les autorités pénitentiaires.

L'avocate du condamné, Kate Black, s'est dite "très heureuse que la Cour suprême ait reconnu l'injustice raciale dans cette affaire". Elle a "reconnu l'importance de la question", a-t-elle déclaré à l'AFP, précisant que la plus haute juridiction du pays n'avait pas indiqué la durée du sursis.

L'exécution par injection létale de Duane Buck, 48 ans, était programmée jeudi soir à partir de 18H00 locales (23H00 GMT) à la prison de Huntsville, au Texas (sud). Il a été condamné à mort pour le meurtre en 1995 de son ex-petite amie et d'un ami de celle-ci.

La Cour suprême ou le gouverneur texan Rick Perry, favori dans la course à l'investiture républicaine pour la présidentielle 2012, avaient jusqu'à minuit heure locale (05H00 GMT) pour accorder un sursis, ont indiqué les autorités pénitentiaires texanes.

"Personne ne doit être mis à mort sur la base de sa couleur de peau", a encore déclaré Me Black dans un communiqué. "Nous sommes persuadés que la Cour sera d'accord pour dire que notre client a le droit à une audience juste qui ne soit pas entachée de considérations raciales".

Dans la matinée de jeudi, l'avocate avait introduit une requête devant la Cour suprême pour que celle-ci suspende l'exécution.

Elle avait également réitéré mercredi au gouverneur texan sa demande de surseoir à l'exécution pendant 30 jours.

Un des procureurs qui avaient obtenu la condamnation de Duane Buck en 1997, Linda Geffin, avait de son côté demandé lundi un sursis temporaire au gouverneur Perry soulignant "qu'aucun individu ne doit être exécuté sans avoir bénéficié d'un procès juste, non entaché de considérations raciales".

L'ancien ministre de la Justice du Texas, le sénateur John Cornyn, avait également admis précédemment "l'introduction déplacée de (questions) raciales lors de l'audience de condamnation de M. Buck", en l'occurence le témoignage d'un psychologue qui, interrogé par l'accusation, avait déclaré que les Noirs avaient davantage de risques d'être récidivistes.

La soeur du condamné, Phyllis Taylor, qui avait survécu à la fusillade pour laquelle M. Buck a été condamné, avait également fait appel à la clémence du gouverneur texan.

Avec 474 exécutions depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976, dont 235 sous la gouvernance de M. Perry, le Texas détient le record des exécutions aux Etats-Unis, un bilan plus de quatre fois supérieur à celui de la Virginie (est) qui en a dénombrées 109, selon le Centre d'informations sur la peine de mort (DPIC).

Interrogé la semaine dernière lors d'un débat des candidats républicains à Los Angeles, le gouverneur ultraconservateur avait répondu, sous les applaudissements, que l'éventualité d'avoir laissé exécuter un innocent ne l'avait "jamais empêché" de dormir.

"Si vous venez dans notre Etat et que vous tuez un de nos enfants, un policier, que vous êtes impliqué dans un autre crime et que vous tuez l'un de nos citoyens, vous ferez face à la justice ultime, c'est-à-dire que vous serez exécuté", avait-il déclaré.
Partager…