Plan du site

"Regret" et "indignation" à Tunis après l'exécution d'un Tunisien en Irak

dépêche de presse du 17 novembre 2011 - Associated Press - AP
Pays :
Thème :
TUNIS (AP) — La Tunisie a regretté jeudi l'exécution du tunisien Yosri Trigui, condamné à la peine capitale en Irak, en dépit des efforts soutenus déployés par le gouvernement tunisien, les partis et les différentes composantes de la société civile auprès de Bagdad pour qu'il bénéficie de la grâce ou du report de l'exécution, rapporte l'agence officielle TAP.

Agé de 27 ans, il s'était rendu en Irak en 2003 pour combattre les forces de la coalition. Accusé d'appartenance au réseau Al-Qaïda, il avait été condamné à mort en 2009 pour l'attentat contre les mausolées des deux Imams à Samarra (95 km au nord de Bagdad), le 22 février 2006, et pour l'assassinat d'une journaliste d'"Al Arabiya", Atwar Bahjat.

L'attentat, contre l'un des lieux les plus saints de l'islam chiite, avait déclenché une vague sans précédent de violences entre chiites et sunnites, faisant des milliers de morts, l'Irak se retrouvant alors à deux doigts d'une guerre civile.

Yosri Trigui a été pendu mercredi avec dix autres personnes impliquées dans des attaques terroristes, dont un Egyptien et neuf Irakiens.

Selon "plusieurs sources" non précisées auxquelles se réfère l'agence tunisienne, les accusations avaient été "montées de toute pièce et que ses aveux lui ont été extorqués sous la torture".

Fakher Trigui, père du jeune homme, a affirmé que son fils était innocent: "Il n'y a aucune raison d'avoir honte car il n'a rien fait de mal", a-t-il déclaré. "Je considère mon fils comme un martyr et que sa dernière demeure est le paradis", a-t-il ajouté dans un entretien téléphonique à la TAP.

Dans un communiqué, le ministère tunisien des affaires étrangères a exprimé "son regret et son désagrément" suite à cette exécution, "en dépit des efforts soutenus déployés par l'Etat tunisien" dans l'espoir d'obtenir sa grâce. La semaine dernière, le président de la République par intérim Fouad Mebazzaâ avait adressé une lettre dans ce sens à son homologue irakien Jalal Talabani. Il avait été précédé par une démarche similaire du ministre tunisien en de la justice Lazhar Karoui Chebbi en direction de son homologue irakien.

Dans son communiqué, le ministère des affaires étrangères appelle les autorités irakiennes à "assurer un procès équitable garantissant les droits de défense et réunissant les conditions juridiques et humaines aux prisonniers tunisiens détenus dans les prisons irakiennes et à les traiter convenablement conformément aux pratiques et pactes internationaux".

Selon l'association des familles des prisonniers tunisiens en Irak, plus de 100 Tunisiens sont détenus dans les prisons irakiennes et plus de 1.000 autres demeurent "introuvables".

De son côté, le mouvement islamiste tunisien "Ennahdha" dont le chef Rached Ghannouchi avait sollicité une révision du dossier auprès du premier ministre irakien Noureddine Al Maliki, s'est dit "indigné" par ce qu'il a qualifié d'"exécution expéditive de la sentence". Ennahdha réitère "son engagement à ne ménager aucun effort pour sauver les autres détenus tunisiens incarcérés en Irak".
Partager…