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Les Béninois face au deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques

dépêche de presse du 14 août 2012 - Xinhua
Pays :
peine de mort / Bénin
COTONOU, 14 août (Xinhua) -- Les Béninois éprouveront une grande difficulté à accepter l'adhésion de leur pays, le Bénin, en octobre prochain, au deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort, a estimé ce mardi à Cotonou, le sociologue Antoine Yagbo, lors d'un entretien accordé à l'agence Xinhua.

"Le Bénin deviendra le 5 octobre prochain le 75ème Etat partie au second protocole de la convention internationale sur l'abolition de la peine de mort", a-t-on indiqué.

Pour le sociologue, Antoine Yagbo, bien que le Bénin soit un Etat de droit, où les droits de l'Homme sont presque respectés, il serait très difficile à la population béninoise qui a perdu toute confiance en sa justice de respecter les clauses de cette convention internationale sur l'abolition de la peine de mort.

"Au Bénin, face à la recrudescente de l'insécurité, notamment dans les grandes villes du pays, où l'on enregistre des cas de vols en plein jour, les Béninois ont choisi ces dernières années l'arme de la vindicte populaire pour régler leur compte avec les malfrats", a-t-il souligné, expliquant les causes profondes de ce phénomène.

"Il est déjà arrivé plusieurs fois que les forces de l'ordre soient informées d'un braquage ou d'un vol et qu'elles ne fassent rien. Soit on parle de manque du carburant, soit on dit qu'il manque d'unités pour intervenir, soit on vous promet une intervention qui n'arrive jamais, soit on enferme le malfrat qui retrouve vite sa liberté", a-t-il fait observer, précisant que cette crise de confiance qui s'est installée entre les populations et les Agents des Forces de l'ordre, est à l'origine du phénomène de la vindicte populaire.

"La population estime que la seule alternative qui s'offre à elle est de déclencher une lutte sans merci aux malfrats. Et le leitmotiv, vous le savez , c'est 'les voleurs, on les brûle'", a-t-il indiqué.

Il a aussi expliqué qu'il suffit de crier "Au voleur !" pour que des gens surgissent de partout, gourdins, bidons pleins d'essence et boîtes d'allumettes en mains, prêts à le lyncher ou à le "rôtir".

"Ce phénomène perçu comme la vengeance ou la sanction infligée par la société à quelqu'un qui se met au travers des moeurs, lois, us et coutumes, fut une forme de justice au moment où la société n'était pas encore structurée en Etat", a-t-il fait observer, soulignant la nécessité du respect des principes de l'Etat de Droit.

"Mais aujourd'hui, nous sommes dans un Etat de droit et l'on ne saurait tolérer l'anarchie", a-t-il souligné.

Selon Maître Ignace Tamassèzodo, ancien avocat à la Cour de Cotonou, la vindicte populaire est un phénomène punissable par la justice.

"La loi réprime le comportement de toute personne qui se livre à la vindicte populaire parce qu'il y a une maxime en droit qui dit que "Nul n'a le droit de se faire justice'", a-t-il expliqué.

"Lorsque vous soupçonnez une personne d'avoir commis une infraction, vous avez l'obligation de vous référer aux autorités judiciaires compétentes qui sont à même d'enclencher une poursuite, une enquête judiciaire pour savoir si les faits reprochés à la personne sont établis et auquel cas celle-ci pourra subir la rigueur de la loi", a-t-il expliqué, estimant la nécessité de crédibiliser l'appareil judiciaire du pays.

"Il faudra crédibiliser l'appareil judiciaire et montrer aux populations que cette solution n'est pas la meilleure", a-t-il estimé.
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