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Appel commun pour l'abolition de la peine de mort (10 octobre 2012)

communiqué de presse du 10 octobre 2012 - Ministère des Affaires Etrangères français - France
Cet appel à abolir la peine de mort a été signé par les ministres des affaires étrangères suivants : Didier Burkhalter (Suisse), Guido Westerwelle (Allemagne), Aurelia Frick (Liechtenstein), Michael Spindelegger (Autriche), Giulio Terzi (Italie) et Laurent Fabius (France).

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Il est des batailles que nous ne pouvons pas gagner seuls. La lutte contre la peine de mort est de celles-ci. Isolés, les différents acteurs ne seraient sans doute pas arrivés à faire reculer le nombre d'Etats qui ont encore recours à la peine capitale. C'est ensemble que nous tous, acteurs engagés pour l'abolition - Etats, organisations internationales et société civile - y sommes parvenus. Ce sera donc également ensemble que nous parviendrons à l'abolition totale. L'Allemagne, l'Autriche, la France, l'Italie, le Liechtenstein et la Suisse se veulent aux premières lignes de ce mouvement pour la dignité humaine.

Aujourd'hui, 10 octobre, nous célébrons le dixième anniversaire de la journée mondiale contre la peine de mort. Cette journée mondiale représente l'occasion de réaffirmer notre opposition à la peine capitale, en toutes circonstances. Représentants de pays partageant des valeurs communes, nous devons conjuguer nos efforts et parler d'une seule voix pour que disparaisse cette pratique qui n'a pas sa place au 21e siècle.

Ces vingt dernières années, plus de 50 Etats ont tourné le dos à la peine de mort. Plus de 130 Etats l'ont abolie ou observent un moratoire. De fait, une cinquantaine d'Etats l'appliquent encore. Ces chiffres sont donc encourageants, les actions entreprises et les efforts passés portent leurs fruits. Mais nous devons redoubler d'efforts, car notre but n'est pas encore atteint. Nous continuerons à lutter contre la peine de mort tant qu'elle n'aura pas été abolie, car l'idée que l'on puisse tuer au nom de la justice va à l'encontre des valeurs de l'humanité elle-même. Nous voulons nous engager ensemble, avec conviction et persévérance, de façon à ce que le nombre d'exécutions continue de diminuer, que les procédures deviennent plus transparentes et qu'un nombre toujours plus élevé de pays renoncent à la peine capitale, jusqu'à ce que cette peine inhumaine disparaisse complètement.

La peine capitale est incompatible avec le respect des droits de l'homme. Elle porte atteinte à la dignité humaine et au droit de ne pas être soumis à la torture et à d'autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Alors que la peine de mort est parfois pratiquée sur des bases discriminatoires, son caractère irréversible rend les révisions de jugements impossibles, menant, dans certains cas, à l'exécution de personnes innocentes. L'exécution de personnes innocentes suffit à vider la peine capitale de toute légitimité. Par ailleurs, la peine de mort n'empêche pas les délits d'être commis ; elle n'apporte donc aucun surcroît de sécurité, pas plus qu'elle n'apporte justice ou réparation aux familles des victimes d'un crime.

Ces réflexions nous semblent presque évidentes, nos pays ayant aboli la peine de mort depuis de nombreuses années. Sur le plan mondial, le chemin vers l'abolition demande pourtant un engagement fort et constant. Les changements ne s'opèrent pas d'un jour à l'autre. C'est une évolution lente et composée d'étapes. Ces progrès sont pourtant bien réels et nous devons faire en sorte qu'ils se poursuivent. Nous continuerons à plaider pour l'abolition de la peine capitale, car seul un engagement politique fort permettra un jour de voir la peine capitale disparaître. En 2010, l'Assemblée générale des Nations Unies adoptait une troisième résolution appelant à un moratoire universel sur le recours à la peine de mort, par 109 voix contre 41. Nos pays et l'Union européenne ainsi que de nombreux autres pays de toutes les régions du monde ont été à l'origine de ce texte adopté en 2007 et en 2008 déjà. Cette année, cette résolution est à nouveau présentée à l'Assemblée générale et nos pays s'engagent pour qu'elle reçoive un soutien encore plus significatif. Ce document souligne les progrès et le caractère irréversible du mouvement mondial pour l'abolition de la peine de mort.

Le rôle des opinions publiques est également essentiel. Les populations doivent avoir accès à des informations fiables, elles doivent pouvoir débattre de cette question, afin de prendre une décision en toute connaissance de cause. La société civile et les organisations non gouvernementales occupent une place cruciale.

Ensemble, nous voulons poursuivre l'engagement contre la peine capitale, au nom des valeurs que nous partageons et parce qu'il est de notre devoir d'associer la dignité à la condition humaine. Nous appelons tous les Etats à se joindre à notre déclaration.
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