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L'injection létale en question

dépêche de presse du 13 décembre 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
WASHINGTON - Des condamnés à mort ont échappé cette semaine au Texas à leur châtiment après avoir déposé des recours en justice dénonçant les souffrances infligées par une substance injectée durant l'exécution, qui est par ailleurs interdite dans cet Etat pour euthanasier chiens et chats.

Suite à ces pourvois, cette méthode d'exécution, qui est la plus largement utilisée aux Etats-Unis, loin devant la chaise électrique, la chambre à gaz, le peloton d'exécution et la pendaison, fait actuellement l'objet d'un débat à la Cour suprême des Etats-Unis.

Les avocats de Billy Vickers, 58 ans, condamné à mort pour le meurtre d'un commerçant, et Kevin Zimmerman, 42 ans, également condamné à la peine capitale pour un meurtre commis en 1987, ont fait valoir que l'administration de l'une des trois intraveineuses à un condamné était contraire à l'esprit et à la lettre de la Constitution.

Ils ont fait référence au 8e amendement de la Constitution qui stipule que "des châtiments cruels et inhabituels" ne doivent pas être infligés à un condamné.

Leurs recours ont été déposés devant la Cour suprême peu avant les exécutions qui devaient se tenir mardi et mercredi dans la prison de Huntsville (Texas).

Le produit controversé est le bromure de pancuronium, une drogue à base de curare qui provoque de fortes contractions musculaires, et selon la défense, des souffrances terribles.

Au point qu'il a cessé d'être employé par les vétérinaires texans pour mettre à mort des animaux domestiques.

"Je peux vous confirmer que cette substance particulière n'est plus utilisée dans les chenils pour euthanasier chiens et chats", a indiqué à l'AFP le docteur Chris Coppland, de la Texas Veterinary Medical Association en référence à une loi adoptée au Texas le 1er septembre 2003.

Tout en soulignant que ce produit faisait souffrir les animaux, il s'est refusé à tout commentaire concernant son utilisation sur des condamnés à mort. "C'est au delà de mon domaine d'expertise", a-t-il dit.

L'organisation humanitaire Amnesty International souligne de son côté que "le bromure de pancuronium paralyse les muscles mais n'affecte pas le cerveau et les nerfs. Une personne qui en reçoit une injection reste consciente mais ne peut pas se mouvoir ni parler".

Selon le Texas Execution Information Center, "l'utilisation du bromure de pancuronium provoque des douleurs et est donc inconstitutionnelle au regard du 8e amendement".

La méthode d'exécution par injection létale a été adoptée en 1977 dans l'Oklahoma, mais elle n'a été appliquée que le 2 décembre 1982 au Texas sur un meurtrier, Charles Brooks, qui eut le funeste honneur de l'inaugurer.

Aujourd'hui, 37 des 38 Etats appliquant la peine de mort, ont recours à l'injection létale. Elle est également utilisée par l'armée et par l'Etat fédéral. Selon le Centre d'information sur la peine de mort (DPIC), 718 condamnés ont été exécutés par injection depuis 1976.

Si le Nebraska est le seul à imposer la chaise électrique, neuf autres proposent comme alternative à l'injection la chaise électrique, cinq la chambre à gaz, trois la pendaison et deux le peloton d'exécution.

Le condamné est sanglé sur un lit ressemblant à un fauteuil de dentiste. Deux aiguilles reliées à de longs tuyaux sont plantées dans deux veines différentes du bras.

Le premier liquide, une solution de sodium thiopental commence à s'écouler dans les tuyaux et endort le condamné. Puis c'est au tour du bromure de pancuronium, qui paralyse les muscles et les poumons. Enfin, un flux de chlorure de potassium provoque un arrêt cardiaque.

Selon le DPIC, la mort est provoquée par la conjonction d'une surdose d'anesthésiant, d'un étouffement et d'un arrêt du coeur.

Vendredi dernier, un condamné avait été exécuté au Texas par injection létale. Depuis le début de l'année, 65 condamnés ont été exécutés aux Etats-Unis (DPIC).
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