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Le Liban exécute trois condamnés à mort mais commue la peine de six autres

dépêche de presse du 17 janvier 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Liban
Le Liban exécute trois condamnés à mort mais commue la peine de six autres
BEYROUTH - Pour la première fois depuis 1998, le Liban a exécuté samedi trois condamnés à mort pour meurtre, mais face aux protestations européennes, les autorités libanaises ont commué la veille la peine de six autres condamnés à mort en une peine de prison à perpétuité.

A l'aube, dans la prison centrale de Roumié, au nord-est de Beyrouth, trois Libanais ont été exécutés loin de la presse. L'un a été pendu, et les deux autres ont été passés par les armes, a-t-on appris de source officielle.

Des policiers et des soldats ont tenu à distance des contestataires qui avaient organisé un sit-in toute la nuit.

Les trois personnes exécutées sont Rémy Antoine Zaatar, qui avait tué en juin 2000 deux membres de la défense civile et blessé un officier syrien qui serait mort ensuite de ses blessure, Ahmad Mansour, qui avait tué en juillet 2002 à Beyrouth huit de ses collègues employés de la Mutuelle des enseignants, et Badih Hamadé, membre d'un groupuscule fondamentaliste sunnite qui avait tué à la même époque trois militaires libanais à Saïda (sud) avant de se retrancher dans le camp palestinien voisin d'Aïn Héloué.

Badih Hamadé et Ahmad Mansour ont eu droit aux dernières visites de leurs parents vendredi, Rémy Zaatar avait fait ses adieux à sa mère jeudi.

Vingt minutes après les exécutions qui ont eu lieu à 05h00 (O3h00 GMT), trois ambulances sont sorties de la prison, transportant les corps des suppliciés.

Les décrets d'exécution avaient été signés mercredi par le président Emile Lahoud, après que le Premier ministre Rafic Hariri et le ministre de la Justice Bahige Tabbara y eurent apposé leur signature.

Au début du mandat du président Lahoud, le Premier ministre Salim Hoss, opposé à la peine capitale, avait refusé de signer des décrets d'exécution.

La dernière exécution, par pendaison, remontait à mai 1998, peu avant la fin du mandat du président Elias Hraoui: deux meurtriers, âgés de 24 et 25 ans, avaient été pendus, sous les acclamations du public venu assister à cette exécution publique, la première depuis 15 ans.

"Les défenseurs des droits de l'homme ont espéré jusqu'à la dernière minute (..), le chef de l'Etat est demeuré jusqu'au bout inflexible", écrit samedi le journal francophone, L'Orient - Le Jour.

Selon ce quotidien, "sourd aux protestations européennes, Beyrouth soutient que l'on avait affaire à trois crimes particulièrement odieux portant atteinte à la sécurité de l'Etat, et qu'en tout état de cause, le pays n'est pas encore mûr pour l'abolition de la peine de mort".

Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern, dont le pays assume actuellement la présidence de l'Union européenne, avait écrit à M. Lahoud pour le prier d'empêcher la triple exécution, selon communiqué publié vendredi soir.

Le Liban a signé en juin 2002 un accord d'association avec l'Union européenne, qui est hostile à la peine capitale.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français Hervé Ladsous avait également mis en garde le liban vendredi, en indiquant qu'une reprise des exécutions capitales était "contraire" à l'esprit de cet accord.

Amnesty International avait appelé dès jeudi M. Lahoud à "commuer les peines de mort prononcées contre ces trois hommes et contre 24 autres", et la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) avait lancé un appel similaire.

Semblant tenir compte des appels internationaux et des protestations locales, les autorités libanaises ont annoncé officiellement vendredi soir la commutation de six condamnations à mort en peine de prison à perpétuité.

Selon le journal al-Mustaqbal, appartenant à M. Hariri, les six bénéficiaires seraient quatre Libanais, un Syrien et un Egyptien.

"Les exécutions de samedi devraient être les dernières par souci de résorber les protestations", ajoute ce quotidien.
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