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La Gambie se retire du Commonwealth

dépêche de presse du 2 octobre 2013 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Gambie
Thème :
(Agence France-Presse) BANJUL
La Gambie, ex-colonie britannique, a annoncé mercredi soir son retrait «avec effet immédiat» du Commonwealth, organisation anglophone de 54 États, sans fournir d'explication.

«L'opinion publique est informée que le gouvernement de Gambie a quitté les Nations du Commonwealth avec effet immédiat», a affirmé Banjul dans un communiqué.

«Le gouvernement se retire du Commonwealth en tant que membre et décide que la Gambie ne sera jamais membre d'une institution néo-coloniale, et ne fera jamais partie d'une institution qui représente un prolongement du colonialisme», a-t-il conclu, sans plus de détails.

Aucun membre du gouvernement n'avait pu être joint mercredi soir pour avoir une explication à cette décision.

Mais un responsable au ministère gambien des Affaires étrangères interrogé par l'AFP sur le sujet a indiqué que cette décision suivait la lancée du gouvernement qui, en avril 2012, a rejeté un accord proposé par le Commonwealth pour la création à Banjul de commissions pour les droits de l'Homme, les médias et la lutte contre la corruption. Il s'exprimait sous couvert d'anonymat.

«Les décisions sur l'appartenance au Commonwealth relèvent du gouvernement de chaque État membre», a réagi dans la soirée à Londres un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.

«Nous regretterions beaucoup que la Gambie, ou tout autre pays, décide de quitter le Commonwealth», a encore indiqué ce porte-parole du Foreign Office.

En avril 2012, le secrétaire général du Commonwealth s'était rendu en visite à Banjul, où il avait rencontré le président gambien Yahya Jammeh et d'autres responsables gouvernementaux.

Porté au pouvoir par un coup d'État en 1994, élu en 1996 et réélu trois fois (2001, 2006, 2011), le président Yahya Jammeh règne en maître sur la Gambie, petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal, à l'exception de sa façade maritime.

Il a fait adopter en 2002 un amendement constitutionnel supprimant la limite du nombre de mandats. Son régime est régulièrement critiqué par des défenseurs des droits de l'Homme pour des violations des libertés.

En 2012, Yahya Jammeh avait suscité un tollé international en affirmant, le 19 août, que tous les condamnés seraient exécutés avant la mi-septembre, et en faisant fusiller neuf personnes une semaine plus tard.

Il a régulièrement affirmé qu'il ne cèderait pas aux pressions extérieures, et a souvent critiqué la communauté internationale.

Il a régulièrement dénoncé des pays occidentaux qui, selon lui, conditionnent leur aide à la Gambie aux droits des homosexuels.

«Si vous voulez nous donner de l'aide pour que nous mariions les hommes avec les hommes et les femmes avec les femmes, abandonnez. Nous n'avons pas besoin de votre aide car aussi longtemps que je serai président de la Gambie, vous ne verrez jamais cela arriver dans ce pays», avait-il dit dans une déclaration au Parlement le 21 avril 2012.

«Quelquefois, vous entendez beaucoup de tapage sur les lois de notre pays ou sur mes déclarations, laissez-moi très clairement vous dire que vous ne m'achèterez pas pour effectuer un acte diabolique et impie», avait-il ajouté.

Il s'exprimait en présence notamment des ambassadeurs de Grande-Bretagne et des États-Unis et quelques semaines après l'inculpation d'une vingtaine d'hommes pour homosexualité.

Yahya Jammeh s'était aussi énervé lorsque, en décembre 2012, l'Union européenne (UE) avait exhorté la Gambie à abolir la peine de mort, rouvrir des médias fermés généralement pour avoir critiqué le pouvoir et d'autoriser des diplomates étrangers à accéder aux prisons du pays.

M. Jammeh avait estimé que ces recommandations de l'UE étaient «une insulte», et que son pays, «en tant qu'État souverain, (...) ne modifiera pas ses lois parce que l'UE veut que cela soit fait».

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