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Les Japonais trouvent que la corde est bien trop douce pour le gourou d'Aum

dépêche de presse du 27 février 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Japon
Shōkō Asahara
TOKYO - La peine de mort à laquelle a été condamné vendredi Shoko Asahara, le gourou fondateur de la secte Aum Vérité Suprême, apparaît aux yeux des Japonais comme une sentence bien trop clémente à l'encontre de l'ennemi public numéro 1.

Colère et frustration sont d'autant plus exacerbées que les avocats d'Asahara ont annoncé qu'ils faisaient appel.

Le gourou, de son vrai nom Chizuo Matsumoto, qui va sur ses 49 ans, a été reconnu coupable des 13 crimes dont il était inculpé et qui ont tué 27 personnes et blessé des milliers d'autres.

Il a été désigné comme le cerveau de la spectaculaire attaque au gaz sarin perpétrée en mars 1995 dans le métro de Tokyo (12 morts et plus de 5.000 empoisonnés), le "pire crime terroriste" jamais commis au Japon.

Shizue Takahashi, 57 ans, veuve d'un employé du métro décédé, s'est dite "contente et soulagée" à l'énoncé d'un verdict qui faisait peu de doute.

"Dans le temps au moins, on pouvait traîner quelqu'un dans la rue et le rouer le coups jusqu'à ce qu'il meurt lentement, et ce serait le châtiment le plus approprié pour lui", regrette Kuniko Watanabe, 68 ans, un employé à temps partiel de Saitama (nord de Tokyo).

"Je souhaiterais qu'il souffre davantage avant de mourir. Mais les temps sont différents, aujourd'hui. Je veux aussi qu'Aum disparaisse vite", dit-il.

Selon les témoignages, l'immense majorité de la population, qui réclamait la tête d'Asahara, semble partager ces sentiments violents de répulsion, de dégoût et de haine à l'égard du gourou.

"Il n'y pas de plus grande punition (que la peine de mort) et c'est bien dommage. Maintenant l'affaire va traîner jusqu'à la Cour suprême, mais j'aurais préféré qu'ils (les juges) bouclent l'affaire rapidement", déplore Takehiko Murai, un agent de voyage de 48 ans.

Du côté de la secte, qui existe toujours sous le nom d'"Aleph", un communiqué est venu réiterer les "plus profondes excuses aux victimes et à leurs familles" exprimées une première fois en décembre 1999.

"Le verdict sera imprimé à jamais dans nos coeurs et nous allons poursuivre notre travail pour compenser les victimes", assure le communiqué.

"Aleph" s'est engagée à verser 960 millions de yens (7 M EUR) de dédommagements aux victimes d'ici juillet 2005, dont 464,8 millions ont déjà été versés.

La secte regroupe aujourd'hui près de 2.000 fidèles et fait l'objet d'une surveillance attentive de la part de la police qui soupçonne que l'influence du gourou Asahara est encore grande parmi les disciples.

Un des avocats des familles des victimes, Kenji Utsunomiya, a souligné que "les personnes assassinées ne reviendront jamais".

"Il y a beaucoup de gens qui souffrent encore des effets (du gaz sarin)", a-t-il relevé en insistant sur "la responsabilité du gouvernement".

"Il s'est agi d'une attaque terroriste majeure que le gouvernement n'a pas su empêcher", a-t-il accusé.

Le porte-parole du gouvernement, Yasuo Fukuda, s'est abstenu de répondre, se contentant de souhaiter que "les âmes des victimes reposent en paix".

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