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Chine: condamnation à mort après une expropriation forcée qui a mal tourné

dépêche de presse du 19 mars 2015 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Chine
PÉKIN - Un Chinois accusé d'avoir tué un agriculteur et d'en avoir blessé trois autres, en essayant de les déloger violemment de leurs terres pour le compte d'autorités locales, a été condamné jeudi à la peine de mort par un tribunal.

Wang Yuefu avait été chargé par des officiels de Pingdu, dans la province du Shandong (est), d'«intimider» des villageois: ceux-ci protestaient contre les indemnisations dérisoires reçues pour l'expropriation de leurs terres, vendues par les autorités locales à un promoteur immobilier.

Expropriations arbitraires et évictions violentes sont monnaie courante dans les campagnes chinoises --les ventes de terrains étant l'une des principales sources de revenu pour les gouvernements locaux--, et provoquent régulièrement de vifs affrontements entre agriculteurs et autorités.

Les villageois concernés à Pingdu exigeaient que le gouvernement local leur restitue l'intégralité des fonds (l'équivalent de 3,19 millions $) que le promoteur immobilier avait versé aux autorités pour acquérir leurs terres, a expliqué le tribunal de Qingdao sur son compte de microblogs.

Mais les officiels ont refusé, arguant que l'argent serait mis de côté pour alimenter les structures de sécurité sociale.

Alors que les agriculteurs se relayaient jour et nuit pour monter la garde sur leurs terrains, Wang Yuefu a recruté quatre hommes de main pour l'aider à incendier, en mars 2014, la tente abritant les protestataires: parmi ces derniers, l'un sera tué, brûlé vif, et trois autres grièvement blessés.

M. Wang a été condamné à la peine capitale pour «avoir provoqué des troubles» et pour incendie criminel, a indiqué le tribunal.

Le responsable minicipal accusé d'avoir plannifié cette attaque de concert avec Wang s'est vu infliger une sentence d'incarcération à perpétuité, tandis que les quatre complices ayant mis le feu recevaient des peines de prison allant de six à 19 ans.

Une enquête réalisée en 2012 par l'ONG américaine Landesa estimait que plus de 20% des agriculteurs chinois expropriés ne recevaient aucune indemnisation, tandis que les autres ne touchaient en moyenne «qu'une petite fraction du montant reçu par les autorités».

Selon la loi chinoise, l'État est en dernier ressort propriétaire de l'ensemble des terres, même si le gouvernement a annoncé l'amorce cette année --à titre expérimental-- d'une ambitieuse réforme des droits agraires.

Pékin autorisera ainsi certains résidents ruraux à revendre leurs «droits sur leurs terres», afin de les encourager à rejoindre les villes, perçues comme des gisements de croissance économique.
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