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Mercenaires présumés du Zimbabwe: extradition vers Malabo presque acquise

dépêche de presse du 29 avril 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
BULAWAYO (Zimbabwe) - L'extradition vers Malabo des 70 mercenaires présumés écroués à Harare et accusés de tentative de coup d'Etat en Guinée Equatoriale, était presque acquise jeudi après le feu vert donné par le président zimbabwéen Robert Mugabe.

"Le président (Mugabe) a donné son accord pour extrader les 70 mercenaires afin qu'ils puissent être jugés en Guinée Equatoriale", a indiqué un officiel zimbabwéen sous couvert de l'anonymat.

Cette décision a été prise à l'issue de rencontres à Bulawayo (sud-ouest), entre M. Mugabe et son homologue équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, venu assister mardi à Pretoria à l'investiture du président sud-africain Thabo Mbeki et à la célébration des 10 ans de la fin de l'apartheid.

MM. Nguema et Mugabe s'étaient rencontrés pendant 5 heures mercredi et se sont à nouveau revus jeudi matin avant le départ du président équato-guinéen.

Le feu vert du président Mugabe intervient après la décision de son gouvernement de modifier la liste des pays vers lesquels le Zimbabwe pouvait extrader des suspects, afin d'y inclure la Guinée Equatoriale.

Les 70 hommes, arrêtés le 7 mars à Harare, devaient, selon le gouvernement zimbabwéen, rejoindre en Guinée Equatoriale 15 autres mercenaires arrêtés à Malabo le même jour pour y fomenter un coup d'Etat contre le régime du président Obiang.

Jusqu'à maintenant, les hommes arrêtés au Zimbabwe étaient jugés par un tribunal spécial installé dans une prison haute-sécurité de la banlieue de Harare où ils sont incarcérés. Certains ont affirmé avoir subi des tortures et mauvais traitements et une enquête a été ordonnée par le tribunal.

Disposant tous de passeports sud-africains bien qu'étant originaires de pays divers - Angola, Namibie, Afrique du Sud, République démocratique du Congo (RDC), Zimbabwe et Grande-Bretagne - ils sont inculpés de possession et achat d'armes dangereuses, violation des législations sur les armes à feu, sur l'immigration et sur l'aviation civile.

S'ils sont reconnus coupables par la justice zimbabwéenne, ils encourent la prison à vie. Ils nient catégoriquement les accusations portées contre eux, affirmant qu'ils devaient se rendre en RDC pour y assurer la sécurité dans une mine.

S'ils sont extradés, ils risquent, au même titre que les 15 détenus en Guinée Equatoriale, la peine de mort pour "tentative de coup d'Etat".

Le 13 mars, le président Obiang avait lui-même assuré que les 15 hommes arrêtés dans son pays se verraient appliquer les peines prévues par la loi. "S'il faut les tuer, nous les tuerons", avait-il dit.

Le président équato-guinéen a accusé l'opposant Severo Moto, président du Parti du progrès de Guinée Equatoriale (PPGE) interdit dans son pays, qui vit en Espagne où il a formé un "gouvernement en exil", d'être derrière cette tentative de coup d'Etat.

Au regard de la loi zimbabwéenne, rien ne s'oppose a priori à l'extradition des 70 mercenaires présumés, même si "on ne peut pas juste les pousser comme cela dans l'avion et leur dire au revoir", a souligné à Harare un expert juridique qui a souhaité garder l'anonymat.

La loi exige que l'ordre d'extradition soit pris par un juge, en présence des accusés. Si l'extradition est décidée, les suspects peuvent faire appel devant la Haute cour de justice du Zimbabwe. "Tout cela peut aller extrêmement vite", a cependant estimé l'expert.
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