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Les eurodéputés débattent de la situation en Hongrie, des droits fondamentaux et des valeurs de l'UE

communiqué de presse du 19 mai 2015 - Union européenne
Pays :
peine de mort / Hongrie
Parlement européen
SESSION PLÉNIÈRE Communiqué de presse - Droits fondamentaux − 19-05-2015 - 20:30

La situation en Hongrie, à la suite des remarques du Premier ministre Viktor Orbán sur l'éventuelle réintégration de la peine de mort dans ce pays et la consultation publique sur l'immigration du gouvernement ont été débattus par les députés européens, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, la secrétaire d'Etat lettone aux affaires européennes Zanda Kalniņa-Lukaševica pour la Présidence du Conseil des ministres et M. Orbán lui-même mardi après-midi.

Le Président du Parlement européen, Martin Schulz, a ouvert le débat et a accueilli M. Orbán avant de passer la parole à la présidence lettone du Conseil.

Au nom de la présidence du Conseil, Zanda Kalnina-Lukaševica, secrétaire d'Etat lettonne aux affaires européennes, a rappelé que "l'Union européenne n'est pas seulement une union économique et politique", mais aussi une "Union de valeurs fondamentales partagées". Elle s'est félicitée de la préoccupation du Parlement pour la "préservation des valeurs démocratiques", mais comme le Conseil n'a pas discuté de la situation en Hongrie, elle n'a "pas été en mesure de commenter", a-t-elle déclaré.

Le vice-président de la Commission en charge des droits fondamentaux, Frans Timmermans, a rappelé que la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux valeurs fondamentales de l'UE et mènerait à l'application de l'article 7 du Traité sur l'Union européenne (TUE) et pourrait donc éventuellement priver la Hongrie de ses droits de vote au sein du Conseil.

Toutefois, la Hongrie n'a pas de "plans concrets" pour réintroduire la peine de mort, a-t-il déclaré ajoutant que si des mesures étaient prises en ce sens, la Commission "n'hésiterait pas à agir".

Concernant la consultation publique sur l'immigration, "l'encadrer dans le contexte du terrorisme est malveillant et faux" et va nourrir les préjugés, a déclaré M. Timmermans.

Parole aux orateurs des groupes politiques



Manfred Weber (PPE, DE) a appelé tout débat sur la réintroduction de la peine de mort "dangereux" et "dommageable" et a remercié M. Orbán de clarifier que cela ne se produira pas. A propos de la consultation sur l'immigration, M. Weber a précisé qu'il est bon de demander aux gens, mais que "les mots utilisés créent une atmosphère que nous ne voulons pas dans notre groupe".

Le chef de file S&D Gianni Pittella (IT) a déclaré la gravité des déclarations du Premier ministre Orban ne devait pas être sous-estimée. Elles sont allées trop loin et furent des "armes de distraction massive", a-t-il dit ajoutant que "la vraie question ne constitue pas une atteinte à la démocratie, mais vide la démocratie et la rend banale".

Timothy Kirkhope (ECR, UK) a exprimé des doutes quant à savoir si le débat était encore nécessaire. "Un État membre a le droit de discuter de questions importantes. Nous sommes les partenaires les uns des autres, et non pas les gardiens des uns et des autres", a-t-il dit. "Ce débat peut être travesti en une discussion sur les droits fondamentaux, mais c'est en fait une opportunité pour une joute politique qui ne fait pas de faveurs à personne", a-t-il ajouté, notant que l'électorat en Hongrie a approuvé son chef de file.

Sophie In 't Veld (ADLE, NL) a déclaré que la "non-déclaration" du Conseil signale sa "faillite morale". Il n'y a "pas de place" pour la peine de mort en Europe ou "nulle part ailleurs dans le monde", a-t-elle souligné, demandant à la Commission de vérifier la légalité du questionnaire hongrois sur l'immigration. Le Parlement doit élaborer des propositions pour des mécanismes d'application des droits fondamentaux, a-t-elle ajouté.

"Ce n'est pas un débat gauche/droite - il s'agit d'un discours de haine contre les migrants, les Roms, et sur la peine de mort", a déclaré Marie-Christine Vergiat (GUE/NGL, FR). "Jusqu'où permettrons-nous à la Hongrie d'aller avant que nous n'agissions?" a-t-elle interrogé ajoutant que l'article 7 du TUE est "un leurre qui ne fonctionne pas vraiment".

Rebecca Harms (Verts/ALE, DE) a déclaré que la formulation utilisée par le gouvernement hongrois dans le questionnaire sur l'immigration "n'est tout simplement pas sérieux", mais néanmoins il "contribue à élever la haine contre un groupe de personnes". Elle a souligné que "nous avons tous approuvé les droits fondamentaux et l'UE ne serait pas en mesure de fonctionner sans le respect de ces valeurs fondamentales".

Parlant pour le groupe EFDD, Laura Ferrara (IT) a qualifié la consultation publique en Hongrie de "choquante, car elle nourrit les préjugés contre les migrants". Elle a également parlé en faveur de la surveillance du respect des droits fondamentaux dans les pays de l'UE non seulement avant, mais aussi après leur adhésion à l'UE.

Zoltán Balczó (NI, HU) s'est demandé si le débat public sur l'immigration était "un sujet tabou. Vous ici au Parlement souhaitez définir même ce dont nous pouvons parler. Je vous rassure: le gouvernement Orbán est pleinement sur la voie définie par le traité de Lisbonne, se conformant à vos attentes, en dépit de sa rhétorique", a-t-il déclaré.

"Nous, les Hongrois, aimons parler franchement", a déclaré M. Orbán. "Par conséquent, nous disons que nous voulons que l'Europe reste européenne, et nous tenons à préserver la Hongrie pour les Hongrois". Il a ajouté qu'il a trouvé les propositions de la Commission "absurdes, presque folles". Sur la peine de mort, M. Orbán a souligné que "nous ne devons pas fuir devant la discussion d'un problème" et que "la Hongrie respecte la liberté d'expression".

Une résolution par les groupes politiques sera mise aux voix en juin.
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