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Le premier ministre chinois se porte à la défense de la peine capitale

dépêche de presse du 22 septembre 2016 - Presse Canadienne
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La Presse Canadienne, Ottawa - Le premier ministre chinois Li Keqiang a livré un plaidoyer en faveur de la peine de mort en Chine, plaidant que cette mesure était nécessaire en raison des nombreux crimes violents qui sévissent au pays.

«Si nous abolissons cette peine, il y aurait sans doute beaucoup de personnes innocentes qui perdraient la vie», a exposé jeudi le dirigeant chinois en conférence de presse au parlement, à l'issue d'une rencontre avec son homologue canadien, Justin Trudeau.

Prenant la peine de mentionner que «beaucoup d'autres pays développés» ont toujours recours à ce châtiment, le premier ministre Li a fait valoir que les autorités ont géré ces cas avec davantage de rigueur et de prudence au cours des dernières années.

Le dernier mot sur les condamnations à mort revient désormais à la Cour populaire suprême de la République populaire de Chine, a-t-il expliqué, assurant par ailleurs que Pékin ne tolère en aucun cas que des suspects ou des personnes condamnées soient victimes de torture.

«La loi chinoise prévoit que la procédure judiciaire doit être strictement appliquée. Toute torture est strictement interdite à l'encontre de ces personnes. La loi chinoise prévoit un traitement humain», a insisté M. Li.


Le dirigeant a tout de même reconnu que dans un pays aussi vaste et populeux que la Chine, il est impossible de «s'assurer à 100 %» que des accrocs à la loi ne se produisent pas.

«Mais si on apprend qu'il y a eu de tels agissements, on n'hésitera pas à punir (ceux qui infligent des tortures) sévèrement et en vertu de la loi», a-t-il soutenu, affirmant que la réalité des prisonniers chinois n'est pas celle que l'on dépeint dans certains films occidentaux.

Le premier ministre chinois a tenu ces propos alors que Pékin et Ottawa ont annoncé avoir lancé des discussions sur un traité d'extradition vers la Chine.

Le premier ministre Trudeau a réitéré jeudi que la politique de longue date du gouvernement canadien est de refuser l'extradition d'une personne qui risquerait d'être exécutée dans le pays qui réclame une déportation.

«Le Canada a des limites très strictes par rapport à la peine de mort», a-t-il rappelé.

«J'ai souligné à maintes reprises, y compris avec le premier ministre (Li), que nous avons des systèmes de justice différents et que nos attentes sont très élevées par rapport à tout traité d'extradition potentiel», a indiqué M. Trudeau.

La possibilité que le Canada signe avec la Chine un traité d'extradition suscite des inquiétudes en raison du piètre bilan de ce pays en matière de droits de la personne. Les partis d'opposition à Ottawa et Amnistie internationale les ont soulevées au cours des derniers jours.

«La Chine, c'est un des pays qui respectent peut-être le moins les droits humains, avec l'Arabie saoudite. Qui est le prochain partenaire, la Corée du Nord?», a pesté en point de presse le chef du Bloc québécois, Rhéal Fortin.

Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie (où un traité signé en 2007 n'a jamais été ratifié) figurent parmi les pays alliés du Canada qui ne sont pas signataires d'une entente d'extradition avec la Chine.

En revanche, d'autres pays amis comme la France, l'Italie ou encore l'Espagne ont conclu un traité d'extradition avec le géant asiatique.

Le Canada devrait leur emboîter le pas, selon un spécialiste de la Chine.

«Pourquoi on laisserait passer le train? On a une chance de vraiment pousser la Chine vers une plus grande transparence légale», a fait valoir en entrevue Serge Granger, professeur agrégé de l'École de politique appliquée à l'Université de Sherbrooke.

La Chine cherche principalement à mettre la main au collet de ses ressortissants soupçonnés d'avoir commis des délits de nature économique, pour qui le Canada est devenu une destination de choix, a-t-il spécifié.

«Il y a une fuite de millionnaires chinois. (...) La Chine veut les rapatrier pour les juger», a expliqué M. Granger, reconnaissant néanmoins qu'il existe un «danger» que les autorités s'adonnent à des «chasses aux sorcières politiques».

Le quotidien torontois The Globe and Mail rapportait cette semaine que les autorités chinoises ont envoyé ces dernières années au Canada des agents secrets chargés d'intimer des Chinois soupçonnés de corruption ou d'autres délits de rentrer à la maison.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi Pékin entreprenait de telles démarches, le premier ministre Li a dit ne pas être au courant de ces informations. Il a cependant assuré que la Chine «respecte rigoureusement le droit international» et les lois en vigueur dans les autres pays.

Le dirigeant chinois s'envolera vendredi vers Montréal, où il prendra part à plusieurs activités et rencontres. Il doit s'entretenir avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le maire de Montréal, Denis Coderre. Il reprendra le chemin de la maison samedi matin.
(Mélanie Marquis)
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