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Zimbabwe: vote de deux lois pour museler l'opposition

dépêche de presse du 10 janvier 2002 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Zimbabwe
HARARE (AFP) - Le Parlement zimbabwéen a voté jeudi deux lois visant à museler l'opposition et à restreindre la liberté de vote pour la présidentielle de mars, et qui risquent d'accentuer encore un peu plus l'isolement international de l'ex-Rodhésie.

Le vote de la loi sur la sécurité publique et la modification de la loi électorale interviennent au lendemain de l'annonce de la date de l'élection présidentielle, qui se déroulera les 9 et 10 mars, et à la veille d'une rencontre à Bruxelles entre responsables européens et ministres zimbabwéens.

La loi sur la sécurité rend passible de la peine de mort ou d'emprisonnement à vie quiconque se rendrait coupable d'actes "d'insurrection, de banditisme, de sabotage et de terrorisme" en vue de renverser le gouvernement.

La nouvelle loi interdit également tout rassemblement public sans autorisation de la police, et prévoit des peines de prison et de fortes amendes pour tous ceux, y compris les journalistes, qui "sapent l'autorité du président" et "engendrent l'hostilité" à son égard.

La modification de la loi électorale permet d'exiger des électeurs zimbabwéens, pour qu'ils puissent voter, les preuves qu'ils résident dans le pays depuis un an, et limite le droit de vote des centaines de milliers de citoyens vivant à l'étranger aux seuls militaires et diplomates.

Elle stipule également qu'aucun organisme zimbabwéen indépendant ne sera habilité à surveiller l'élection, tâche réservée aux seuls fonctionnaires du gouvernement et à des observateurs de pays "amis".

Avec ces deux législations, le président Robert Mugabe se donne les moyens "légaux" de tenter d'assurer à coup sûr la victoire du chef de l'Etat lors de la présidentielle qui l'opposera à Morgan Tsvangirai, président du MDC.

Reste encore une loi à voter pour compléter cet arsenal juridique, celle sur l'information. Aucune indication n'a été donnée au Parlement concernant la date de son adoption.

Elle obligera les journalistes zimbabwéens à se conformer à un "code de conduite", qui, s'il n'est pas respecté, pourra entraîner leur suspension, les conduire en prison, ou les contraindre à payer de fortes amendes.

Elle stipule en outre que les correspondants d'un media étranger à Harare doivent posséder la nationalité zimbabwéenne, ce qui revient à interdire la présence dans le pays de tout journaliste étranger.

Les partisans de Robert Mugabe n'ont pas attendu l'adoption de ces lois pour entamer la campagne électorale "comme une guerre", ainsi que le leur avait demandé le chef de l'Etat mi-décembre.

Le MDC a affirmé que cinq de ses militants avaient été tués par des partisans du pouvoir dans les deux seules dernières semaines de décembre, portant à 87 le nombre de ses membres et sympathisants assassinés depuis deux ans.

Jeudi, la ministre britannique du Développement international, Clare Short, a déclaré que le gouvernement zimbabwéen conduisait son pays à une "tragédie" et suscitait les inquiétudes de la communauté internationale, témoignant d'un durcissement du ton de Londres à l'égard de son ancienne colonie.

Ces propos, deux jours après la menace de Londres de demander la "suspension" du Zimbabwe de son appartenance au Commonwealth, rompent avec la réserve observée par l'ancienne puissance coloniale depuis plusieurs mois.

Ces déclarations et l'adoption de lois répressives augurent mal de la rencontre, vendredi à Bruxelles, entre plusieurs ministres zimbabwéens conduits par le chef de la diplomatie zimbabwéenne, Stan Mudenge, et des diplomates et haut-fonctionnaires de l'Union européenne (UE).
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