Plan du site

Iran: Khamenei demande la révision de la peine de mort de l'intellectuel Aghajari

dépêche de presse du 16 mai 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
TEHERAN - En demandant à la justice de réviser "le plus rapidement possible" le dossier de l'intellectuel dissident Hachem Aghajari, condamné à mort pour apostasie, le Guide suprême iranien semble vouloir mettre un terme à cette affaire qui empoisonne la vie politique du pays depuis deux ans.

Le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, "a demandé au chef de la justice de réviser le plus rapidement possible le dossier de Hachem Aghajari", a rapporté samedi soir l'agence estudiantine Isna.

L'agence, qui ne cite pas de source, a fait état du "vif mécontentement du Guide suprême à propos du retard pris dans cette affaire".

"Selon le point de vue religieux de l'ayatollah Ali Khamenei et de l'ayatollah Mahmoud Hachemi Chahroudi (le chef de l'autorité judiciaire), les propos de Hachem Aghajari, condamné par un tribunal de Hamédan, ne peuvent pas être qualifiés d'apostasie et ne sont pas punissables de la peine de mort", a déclaré pour sa part Abdolreza Izadpanah, l'adjoint du chef de l'autorité judiciaire, cité par l'agence officielle Irna.

Il a toutefois ajouté que la justice n'avait "pas reçu" un tel ordre de la part du numéro un iranien.

"J'espère qu'à l'avenir, nous ne serons pas témoins de tels dossiers", a-t-il ajouté.

Vendredi déjà, le chef de la justice de la province de Hamédan, Zekrollah Ahmadi, a déclaré à Isna qu'il était "hautement probable" que la Cour suprême annule le verdict, puisque lui-même s'était "opposé à cette sentence".

Toutes ces déclarations, venant de responsables de la justice, bastion des conservateurs, montrent qu'il y a une volonté d'apaisement.

Professeur à l'Université de Téhéran, M. Aghajari a été condamné en 2002 à la peine capitale. Selon le juge, il a remis en cause les fondements de la religion et de la République islamique en plaidant en public en faveur d'une sorte de protestantisme de l'islam et en affirmant que les musulmans n'étaient pas des "singes" pour "suivre aveuglément un chef religieux".

Cette condamnation avait été cassée par la Cour suprême après une intervention de M. Khamenei, qui avait mis fin à plusieurs semaines de contestation estudiantine et à la crise politique suscitée par ce verdict. La controverse avait même atteint les rangs des conservateurs.

La Cour suprême avait renvoyé le dossier devant le juge d'Hamédan (ouest), qui avait jugé cette affaire en première instance, et celui-ci a confirmé récemment sa décision.

"En novembre 2002, le Guide avait également ordonné la révision du dossier. Nous attendions de lui qu'il suive l'affaire pour que le dossier ne traîne pas ainsi depuis plus d'un an et demi", a déclaré, Zahra Behnoudi, la femme de Hachem Aghajari.

"Le Guide a estimé que les propos de mon mari ne pouvaient pas être qualifiés d'apostasie, ce qui signifie que Hachem Aghajari est en prison depuis deux ans injustement", a-t-elle ajouté.

"Si cette fois-ci, la justice n'obtempère pas et ne révise pas rapidement le dossier de mon client, cela voudra dire qu'il y a une volonté politique dans cette affaire", a déclaré pour sa part Saleh Nikhbakht, l'avocat de M. Aghajari.

"L'intervention du Guide, après la circulaire du chef de la justice, interdisant la torture et les mauvais traitements dans les prisons, peuvent laisser croire qu'il y a une nouvelle volonté au sein de la justice", a affirmé Mme Behnoudi.

"J'espère que tous les prisonniers politiques, qui ont été condamnés, tout comme mon mari, seulement pour leurs prises de position, bénéficieront de cette nouvelle volonté et seront libérés", a-t-elle ajouté.
Partager…