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Huitième rendez-vous avec la mort pour un condamné américain

dépêche de presse du 25 mai 2017 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Alabama
Thomas Douglas Arthur
(Agence France-Presse) Washington -Sept fois dans sa vie de condamné à la peine capitale Tommy Arthur a cru mourir exécuté, obtenant sept fois un sursis inespéré. Son huitième rendez-vous avec la mort est ce jeudi dans sa prison de l'Alabama.

On le surnomme «le Houdini des condamnés à mort», en référence à l'illusionniste légendaire capable de s'extirper de toutes les chaînes, cages et cellules: Tommy Arthur, 75 ans, se dit innocent et c'est peut-être de là qu'il puise l'énergie de son odyssée judiciaire.

S'il perd son ultime bataille, il recevra à 18h00 (19h00 HE) une injection létale dans cet État conservateur bordé par la Géorgie et le Mississippi.

Pour ses adversaires, Thomas Arthur, alias Tommy Arthur, n'est qu'un meurtrier récidiviste sans scrupule, doublé d'un manipulateur hors pair. Un procédurier capable d'utiliser toutes les ficelles du droit pour esquiver le glaive de la Justice.

«Thomas Arthur est un artiste de l'évasion ! Il s'est servi de tous les tours possibles et imaginables pour manipuler les tribunaux durant plus de 34 ans !», affirme à l'AFP Janette Grantham, directrice de Victims of Crime and Leniency (VOCAL), une association de défense des victimes de criminels.

Le septuagénaire ne nie pas avoir tué sa belle-soeur en 1977, un homicide selon lui accidentel précipité par son abus d'alcool. Mais ce n'est pas pour ce crime qu'il a été condamné à mort.

Cinq ans plus tard, alors qu'il bénéficiait d'une permission de sortie conditionnelle, Tommy Arthur se voit accuser d'avoir tué par balle un homme, Troy Wicker, dont la femme était devenue sa maîtresse.

Selon l'accusation, celle-ci avait promis 10 000 dollars à son amant afin qu'il assassine son mari. L'agresseur, qui est blanc, avait noirci son visage pour se faire passer pour un Afro-américain.

Ce crime, dont il s'est toujours affirmé innocent, lui a valu une peine capitale en 1983.

Soit 34 années dans le couloir de la mort durant lesquelles, selon le procureur général de l'Alabama, il «a lancé des recours judiciaires systématiques dans tous les États et tribunaux fédéraux disponibles».

Une date d'exécution a été fixée pour M. Arthur en 2007, encore 2007, 2008, 2012, 2015 et 2016. À chaque fois il est parvenu, déplore le procureur, à «éviter de façon si injuste l'application de la sentence».

Pour les militants abolitionnistes, le cas de Tommy Arthur illustre l'absurdité de la peine capitale: censée apporter un réconfort aux victimes, elle joue un rôle opposé quand celles-ci doivent attendre plus de trois décennies; censée avoir un effet dissuasif implacable, elle donne au contraire une impression d'arbitraire.

Jusqu'à la Cour suprême

En novembre 2016, il s'en était fallu d'un cheveu pour que Tommy Arthur ne soit exécuté. La Cour suprême à Washington lui avait accordé un sursis in extremis, quelques minutes seulement avant qu'il ne soit sanglé sur le lit d'exécution.

Le prisonnier avait besoin d'un minimum de cinq voix parmi les huit juges de la haute cour et il en avait obtenu... cinq !

Réticent à accorder ce sursis, le président de la Cour suprême, John Roberts, avait confié avoir «par courtoisie» joint sa voix à celles de quatre de ses collègues souhaitant un nouvel examen du dossier.

Cette fois encore, Tommy Arthur a saisi un tribunal, pour exiger que les témoins de son exécution puissent conserver leur téléphone portable. Sa demande a été rejetée mercredi par une cour d'appel. Ses adversaires veulent y croire.

«Il faut espérer que le sac à tours de magie de Houdini soit vide et que la chute a sonné. Finissons-en avec Houdini !», lance Janette Grantham.
(Sébastien Blanc)

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