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Etats-Unis: appels à épargner un condamné malade mental

dépêche de presse du 5 juillet 2017 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Virginie
Thèmes :
William Charles Morva
Deux responsables des Nations unies et d'autres voix ont appelé mercredi le gouverneur de l'Etat américain de la Virginie à épargner un condamné à mort, atteint de délires psychiatriques selon ses défenseurs.

William Morva, un meurtrier à la double nationalité hongroise et américaine, doit recevoir une injection létale jeudi. Le cas de cet homme de 35 ans a relancé un débat aux Etats-Unis sur les exécutions de prisonniers souffrant de pathologies mentales.
"Nous sommes profondément préoccupés par les informations suggérant que le premier procès de M. Morva n'a pas respecté les règles d'équité", ont souligné dans un communiqué Agnès Callamard et Dainius Puras, rapporteurs spéciaux de l'ONU respectivement sur les exécutions arbitraires et le droit à la santé physique.
"Nous sommes inquiets de la détérioration de sa condition psycho-sociale", ont ajouté ces experts, dénonçant comme une "forme de discrimination" l'absence de prise en charge du prisonnier dans un centre de soins psychiatriques.

William Morva avait été emprisonné dans les années 2000 pour une tentative de vol à main armée. Un jour d'août 2006, soigné à l'hôpital pour des blessures bénignes, il avait réussi à assommer le policier chargé de le surveiller et à prendre son arme.
Il avait alors fait feu sur un garde de sécurité, Derrick McFarland, qu'il avait tué. Le lendemain, alors qu'il était la cible d'une chasse à l'homme autour du campus universitaire de Virginia Tech, il avait également tué par balle un policier, Eric Sutphin. Les deux victimes étaient pères de famille.

Morva avait été condamné à mort en 2008, même si deux médecins lui avaient diagnostiqué des désordres de type schizophrénique.
Ses défenseurs assurent qu'il était depuis longtemps en proie à des délires psychiatriques, qu'il était incapable de se rendre compte de ses actes et que les jurés n'ont pas eu l'occasion de se voir présenter un portrait fidèle de l'accusé, décrit comme intelligent par les procureurs.

Jeune, Morva était connu pour ses diatribes conspirationnistes, pour marcher pieds nus en plein hiver et pour dormir parfois dans la forêt enfoui sous les feuilles d'arbre.
Il se nourrissait de viande crue, de noix et de pommes de pin. Convaincu d'avoir des facultés paranormales, il s'est ensuite persuadé qu'on voulait le tuer.

Lors de son procès, il s'était présenté sous le nom de Nemo. "Bien sûr, vous pouvez me tuer. Je ne peux me battre. Mais d'autres sont comme moi et vous le savez bien. Bientôt ils vont se rassembler. Ils vont envahir toute votre civilisation et effacer à jamais ces sourires de vos visages", avait-il lancé.

Divers élus et l'organisation de défense des libertés ACLU ont demandé que William Morva bénéficie d'une mesure de clémence.

La balle est désormais dans le camp du gouverneur démocrate de l'Etat américain de la Virginie, Terry McAuliffe. Tout en se déclarant personnellement opposé à la peine capitale, cet élu catholique a laissé se produire des exécutions dans son Etat.
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