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Arabie: peine de mort requise contre une militante des droits humains

dépêche de presse du 23 août 2018 - Agence mondiale d'information - AFP
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Dubaï - Le parquet saoudien a requis la peine de mort contre cinq militants des droits de l'Homme, dont une femme connue pour avoir documenté des manifestations antigouvernementales, ont indiqué Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) mercredi et jeudi.

Si le juge suit les réquisitions du parquet, Israa al-Ghomghan, serait la première femme exécutée en Arabie saoudite pour des activités liées à la défense des droits humains. Elle est emprisonnée depuis 2015 tout comme son mari, selon ces ONG.

Il n'a pas été possible de joindre les autorités saoudiennes pour commenter ces informations.

Les cinq personnes que le procureur souhaite voir condamnées à mort sont accusées d'avoir incité à la contestation au sein de la minorité musulmane chiite dans une région stratégique de l'est du pays riche en pétrole. L'Arabie saoudite est dirigée par une dynastie sunnite.

"Israa al-Ghomgham et quatre autres personnes font aujourd'hui face à la pire peine possible et ce, simplement pour leur engagement dans des manifestations antigouvernementales", a déclaré la directrice de campagne pour le Moyen-Orient chez Amnesty International Samah Hadid.

"Nous demandons aux autorités saoudiennes d'abandonner leur plan immédiatement", a-t-elle ajouté.

"Toute exécution est effroyable mais demander la peine de mort pour des militants comme Israa al-Ghomgham qui ne sont même pas accusés de comportement violent est monstrueux", a estimé de son côté la directrice de HRW pour le Moyen-Orient, Sarah Leah Whitson.

Israa al-Ghomgham s'était faite connaître en documentant à partir de 2011 les manifestations antigouvernementales dans la Province orientale, où se concentre la majeure partie de la minorité chiite qui se plaint régulièrement d'être persécutée et marginalisée.

"Condamner Israa al-Ghomgham à la peine de mort enverrait un message horrible que tous les militants peuvent être ciblés de la même manière pour leur manifestation pacifique et leur engagement en faveur des droits de l'Homme", a ajouté Samah Hadid.

"Les charges retenus contre elle (...) sont absurdes et clairement motivées politiquement pour faire taire toute contestation", ajoute la responsable d'Amnesty International.

Selon l'ONG, douze militants des droits de l'Homme réputés dont huit femmes ont été arrêtées depuis mai en Arabie saoudite. Human Rights Watch a évoqué une "répression gouvernementale sans précédent" contre toute voix dissidente.

Ces arrestations sont intervenues alors que ce royaume ultraconservateur avait semblé faire quelques pas en faveur des droit des femmes, les autorisant à conduire à partir de juin.

Les femmes doivent cependant toujours avoir la permission d'un homme (père, mari ou autre parent masculin) pour voyager ou se marier.

Le Canada a demandé début août la "libération immédiate" des militants des droits de l'Homme, y compris Samar Badaoui, la soeur du blogueur emprisonné Raef Badaoui connu lui aussi pour sa lutte en faveur des libertés fondamentales pour laquelle il a obtenu le prix Sakharov du Parlement européen.

Mais Ryad a vivement rejeté ces critiques, expulsant l'ambassadeur canadien et prenant des mesures de rétorsion à l'encontre d'Ottawa.

L'Arabie saoudite est un des pays qui procède au plus grand nombre d'exécutions dans le monde.
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