Plan du site

Les opposants à la peine du mort votent Kerry à la présidentielle américaine

dépêche de presse du 7 octobre 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
MONTREAL - Le démocrate John Kerry, hostile au châtiment suprême, est le candidat à la présidentielle américaine favori des opposants à la peine de mort qui ont choisi Montréal pour tenir cette semaine leur deuxième Congrès mondial, espérant créer un "pont" vers les Etats-Unis voisins.

"M. Kerry s'est prononcé contre la peine de mort. C'est une première dans la campagne présidentielle. C'est très important. (L'ancien président démocrate) Bill Clinton n'avait jamais dit cela. C'est un acte courageux qui représente de l'espoir", dit Elise Groulx, présidente de l'Association internationale des avocats de la défense.

"Pour la première fois, la plate-forme électorale du parti démocrate ne prend pas position sur la peine de mort", se félicite pour sa part l'Américain Renny Cushing, directeur de "Familles des victimes de meurtre pour la Réconciliation".

De fait, le site internet officiel de John Kerry rappelle que le démocrate "est depuis longtemps un opposant à la peine de mort en général", même si, depuis les attentats du 11 septembre 2001, il fait une exception pour les terroristes.

Certes, dans un pays où la population reste très majoritairement favorable aux exécutions, une élection de John Kerry ne signifierait pas pour autant le début d'un processus d'abolition de la peine de mort, concède Elise Groulx.

"Mais c'est très important pour la sélection des juges de la Cour suprême", explique cette avocate qui s'attend dans les années à venir à plusieurs nominations de ces hauts magistrats, désignés par le président avec l'accord du Sénat.

"On peut espérer que Kerry nommerait des juges ayant une philosophie abolitionniste", dit-elle.

Pourtant, jusqu'à aujourd'hui, les républicains ne se sont pas emparés de ce dossier pour lancer une offensive contre Kerry et la peine de mort ne fait pas débat dans la campagne pour l'élection du 2 novembre.

"Ce n'est que le reflet d'une réalité américaine, à savoir que la peine de mort n'est pas aux Etats-Unis un débat de société", reconnaît Michel Taube, président d'Ensemble contre la peine de mort (ECPN), organisateur du congrès.

Aussi, pour faire bouger les mentalités, "la priorité des abolitionnistes américains pourrait être de créer les conditions d'un débat" sur la question, selon lui.

"Peut-être faudra-t-il un jour, peut-être pas tout de suite, peut-être dans quelques mois ou dans quelques années, qu'un débat public s'ouvre sur la peine de mort aux Etats-Unis", insiste Michel Taube.

Malgré tout, "il y a aux Etats-Unis des évolutions très positives: il y a de moins en moins de condamnations à mort, de moins en moins d'exécutions, peut-être certainement parce qu'il y a de plus en plus de bons avocats".

Reste que "près de 4.000 condamnés à mort dans les geôles américaines, 70 exécutions en moyenne chaque année depuis quelques années, ce n'est pas acceptable", dit-il.

En choisissant pour ce congrès la ville de Montréal, à moins d'une heure de la frontière des Etats-Unis, Michel Taube espère au moins "bâtir un pont entre les abolitionnistes du monde entier et les Américains".

Le Canada "a de nombreux liens avec les Etats-Unis et avec Cuba", autre adepte de la peine capitale, "et nous pouvons sensibiliser ces pays au fait que les nations comme le Canada qui ont aboli la peine de mort n'ont pas davantage de criminalité", souligne-t-il.
Partager…