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Acquittement en appel d'une nigériane enceinte condamnée à la lapidation

dépêche de presse du 10 novembre 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thème :
Une juridiction d'appel islamique du nord du Nigeria a acquitté mercredi une jeune nigériane enceinte qui avait été condamnée à mort par lapidation pour adultère par un tribunal coranique, a-t-on appris auprès du tribunal.

Hajara Ibrahim, 18 ans, avait été condamnée à mort le 8 octobre par un tribunal coranique du village de Lere, dans l'Etat de Bauchi, un des douze Etats du pays - qui en compte 36 - à avoir rétabli la charia (loi islamique) depuis 1999.

Son avocat, Abdulkadir Suleiman, avait plaidé que l'adultère ne pouvait être constaté, le mariage arrangé de Hajara avec son époux n'ayant pas été consommé quand elle avait eu des relations sexuelles avec son petit ami et était tombée enceinte.

Le juge Mohammed Mustapha Umar, qui présidait la juridiction d'appel, a estimé mercredi que le jugement de première instance était infondé et l'a invalidé.

Il a également jugé que le tribunal coranique n'avait pas donné à Hajara l'opportunité de se défendre. "Tout jugement rendu sans possibilité pour l'accusé de se défendre est nul", a-t-il expliqué.

Il a précisé que toute personne qui ne serait pas satisfaite par ce dernier jugement pouvait encore faire valoir ses objections devant la Cour d'appel de la Charia.

Hajara Ibrahim a exprimé sa satisfaction avec la décision de justice et a remercié tous ceux l'ont aidée.

"Je suis heureuse d'être acquittée. Je remercie Dieu et ceux qui m'ont aidée à traverser ces moments éprouvants", a-t-elle déclaré à l'AFP.

"Ma principale préoccupation dorénavant est ma santé et celle de mon enfant. J'espère que mon accouchement se déroulera bien", a ajouté la jeune femme, enceinte de plus de sept mois.

Hajara est originaire du village de Sidai, dans l'Etat de Bauchi. Mariée à un homme de Lafia, une ville d'un autre Etat à quelque 220 kilomètres, elle était tombée amoureuse de Dauda Sani, un garçon du village.

La jeune femme avait raconté qu'avant de s'installer chez l'homme de Lafia, Dauda Sani lui avait promis de l'épouser. "Après sa promesse de m'épouser, je me suis donnée à lui et voici le résultat", avait-elle dit, désignant son ventre rebondi.

Plusieurs femmes ont déjà été condamnées à mort par lapidation au Nigeria, mais aucune de ces sentences n'a jusqu'à présent été exécutée.

Plusieurs personnes, hommes ou femmes, ont également été condamnées à mort par des tribunaux islamiques, notamment pour viol, adultère ou sodomie, et attendent le résultat de leur appel.

Dans le seul Etat de Bauchi, cinq condamnés à la peine capitale - hommes et femmes - sont en instance d'appel.

Me Suleiman, payé pour défendre Hajara par Baobab, une association de défense des droits de la femme du Nigeria, défend également le dossier d'une seconde jeune fille de Bauchi.

Selon lui, l'audience d'appel dans ce cas doit avoir lieu à la Haute cour islamique de Ningi le 3 novembre.

Il a expliqué que Daso Amadu a été mariée à cinq hommes différents avant d'avoir 18 ans, et a eu trois enfants. Elle est accusée d'avoir eu le dernier hors mariage et risque donc la même peine qu'Hajara.
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