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Recul de la peine de mort aux États-Unis

dépêche de presse du 14 décembre 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
Gersende Rambourg

Washington - La peine de mort recule régulièrement aux États-Unis depuis cinq ans, selon l'ensemble des indicateurs, et cette tendance s'est encore confirmée en 2004, note le Centre d'information sur la peine de mort (DPIC) dans son rapport annuel publié mardi.

Le nombre des condamnations à mort, comme celui des exécutions ou encore des prisonniers dans les «couloirs de la mort», converge avec les sondages d'opinion montrant un déclin inédit de la peine capitale aux États-Unis depuis son rétablissement en 1976.

Le nombre de condamnations à mort a régulièrement diminué depuis cinq ans, totalisant une baisse de 50% par rapport à 1999, souligne le rapport du DPIC.

Selon le ministère de la Justice, 144 personnes ont été condamnées à mort en 2003, ce qui représente déjà le chiffre le plus bas depuis une trentaine d'années. D'après la tendance des trois premiers trimestres de l'année, ce chiffre devrait se situer autour de 130 en 2004, estime le DPIC.

Les exécutions ont également baissé, d'environ 10% : 65 en 2003 contre 59 au total prévues d'ici au 31 décembre. En cinq ans, ce chiffre s'est réduit de 40%. La très grande majorité (85%) des exécutions cette année ont eu lieu dans une poignée d'États du Sud, souligne le rapport. Seuls l'Ohio et le Nevada échappent à cette règle géographique.

De la même façon, le nombre des condamnés attendant leur exécution dans les «couloirs de la mort» des prisons américaines a diminué, passant de 3504 en 2003 à 3471.

Le soutien de l'opinion publique américaine a continué à s'effriter en 2004, en conséquence notamment d'une série de scandales liés à des erreurs judiciaires. Interrogés par l'institut Gallup sur la sentence appropriée pour un meurtre avec préméditation, 50% des Américains se disent aujourd'hui favorables à la peine capitale, contre 46% pour la prison à vie. En 1997, l'écart entre ces réponses était de 32 points, souligne le rapport du DPIC.

D'autres indicateurs, non-statistiques, reflètent aussi le déclin de cette pratique de plus en plus controversée suite à la multiplication des affaires d'innocents libérés avant leur exécution (un record de 12 en 2003, cinq cette année) ou de révélations sur des défenses bâclées ayant débouché sur des condamnations à mort.

Le 1er décembre, le gouverneur du Texas, Rick Perry, a ainsi accordé un sursis de quatre mois à une condamnée à mort, Frances Newton, estimant que son dossier méritait un supplément d'enquête.

La plus haute cour de l'État de New York s'est récemment opposée à l'application de la peine de mort, laissant prévoir des commutations de peine pour les condamnés de cet État et un éventuel abandon de cette disposition.

Au Texas, État champion des exécutions, le chef de la police de Houston, Harold Hurtt, a également appelé à un moratoire sur les exécutions de condamnés ayant commis des crimes sur son secteur, suite au scandale du laboratoire d'expertise policière de la ville, dont la fiabilité a été sérieusement mise en cause.
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