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Au moins 25 dissidents, dont trois journalistes, libérés par la junte birmane

dépêche de presse du 4 janvier 2005 - Agence mondiale d'information - AFP
peine de mort / Myanmar (Birmanie)
RANGOUN - Au moins 25 dissidents, dont trois journalistes, figurent parmi les milliers de prisonniers relâchés lundi par le régime militaire birman, a affirmé mardi à Rangoun la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'opposition dirigé par Aung San Suu Kyi.

Deux députés membres de la LND, Ohno Kyaing et Kyaw Khin, ont notamment été libérés après avoir passé respectivement 15 et 9 ans en prison, ainsi que six autres membres du parti, selon une liste publiée par la Ligue.

Parmi les 17 autres dissidents relâchés se trouvent trois journalistes, dont la libération avait été annoncée plus tôt par l'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières.

Selon la radio officielle, les journalistes Zaw Thet Htwe, Thein Tan et Aung Myint ont été libérés pour "bonne conduite et bonne contribution à l'Etat pendant leur détention", a expliqué RSF.

RSF et la Burma Media Association se sont félicités de leur remise en liberté tout en "déplorant le maintien en détention de neuf autres journalistes, dont le plus célèbre d'entre eux, U Win Tin".

Le journaliste sportif Zaw Thet Htwe avait été condamné successivement à la peine de mort, puis à trois ans de prison pour "haute trahison" dans une prétendue tentative d'assassinat des dirigeants de la junte militaire.

Son arrestation "était en réalité liée au succès du magazine sportif First Eleven, spécialisé dans le football, et à sa ligne éditoriale indépendante", selon RSF.

Plus de 6.000 personnes ont signé une pétition en faveur de la libération de Zaw Thet Htwe, à l'initiative d'Amnesty International et de RSF à l'occasion de la dernière coupe d'Europe de football.

Thein Tan, journaliste et libraire de Mandalay (centre), avait été arrêté et condamné, en 1990, à dix ans de prison pour avoir écrit des articles sur la mort de quatre manifestants en août 1990, a indiqué RSF.

Aung Myint, plus connu sous le nom de Phyapon Ni Loan Oo, purgeait une peine de 21 ans de prison en vertu de la loi d'urgence de 1950 et de la loi sur les associations illégales de 1908.

Le journaliste et poète, également cadre de la LND, avait été arrêté en septembre 2000 pour avoir distribué des articles à la presse internationale sur la situation d'Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix.

La junte a libéré lundi 5.588 prisonniers à l'occasion du 57è anniversaire de la fête de l'Indépendance.

Au total la junte birmane a élargi 19.906 détenus, en majorité des condamnés de droit commun qui purgeaient des peines légères, en plusieurs vagues de libérations depuis la mi-novembre.

Ces trains de libérations surviennent alors que la junte semble soucieuse de marquer une rupture avec l'ère du général Khin Nyunt, le Premier ministre et chef des renseignements militaires limogé soudainement le 18 octobre pour corruption.

Selon certains observateurs, la junte tente aussi de redresser son image alors que sa récente décision de prolonger d'un an l'assignation à résidence de Mme Suu Kyi lui a valu de nombreuses critiques dans les pays occidentaux.

Ancienne colonie britannique, la Birmanie avait déclaré le 4 janvier 1948 son indépendance. Elle est dirigée depuis 1962 par une junte militaire, qui a refusé de reconnaître la victoire écrasante remportée par la LND lors d'élections tenues en 1990.
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