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"Nous allons nous battre contre la peine de mort" affirme l''avocat de Moussaoui

dépêche de presse du 24 avril 2005 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
Me François Roux, l'avocat français de Zacarias Moussaoui, condamné vendredi pour complicité dans les attentats du 11 septembre 2001 après avoir plaidé coupable, "regrette ce plaidoyer de culpabilité" tout en affirmant "nous allons nous battre contre la peine de mort".

Interrogé dimanche par téléphone, Me Roux a indiqué qu'il tiendrait lundi à son cabinet de Montpellier une conférence de presse commune avec la mère de Moussaoui, Aicha El Wafi, pour évoquer la deuxième phase du procès où accusation et défense doivent maintenant s'affronter autour de la peine qui sera infligée à ce Français de 36 ans.

"Le plaidé coupable est définitif, je le regrette, hélas cette situation constitue déjà un handicap, mais le procès n'est pas terminé, il faut se battre maintenant contre la peine de mort".

Tout en rappelant que la stratégie de défense incombait aux avocats américains, souvent contestés par Moussaoui lui-même, Me Roux a expliqué: "depuis quatre ans je suis plus particulièrement chargé par l'équipe d'avocats américains de trouver des témoignages de gens qui l'ont connu, voire aimé, qui peuvent apporter des éléments de circonstances atténuantes". "Lundi je lancerai un appel à ces témoins qui voudraient éventuellement se manifester", a-t-il ajouté.

L'avocat français a demandé également "que le gouvernement français se décide enfin à communiquer à la défense de Zacarias Moussaoui au moins la liste des documents qui ont été transmis par la France à l'une des deux parties (l'accusation)".

Un procureur américain avait pu il y a deux ans "entendre avec l'aide des services de police et du gouvernement français un certain nombre de personnes", a rappelé l'avocat. "J'avais protesté car ces gens n'avaient pas été informés que ce n'est pas un juge d'instruction et qu'à partir du moment où ils témoignaient devant lui leurs témoignages seraient forcément pris à charge et en aucun cas à décharge".

"Il y a une très grave responsabilité du gouvernement français dans ce qui s'est fait sur notre territoire", selon Me Roux.

Me Roux a laissé prévoir une rude bataille pour la deuxième phase du procès. "La première phase où on n'aborde que les faits n'a duré que deux heures au lieu de plusieurs mois, mais on va assister à un deuxième procès où on ne parlera que de la sentence: le procureur va demander la peine de mort, il l'a annoncé et va essayer de démontrer que ce garçon n'a aucune circonstance atténuante et a même des circonstances aggravantes, alors que la défense ne se contentera pas de plaider mais pourra apporter tous les éléments possibles valant circonstances atténuantes", a-t-il expliqué.

"Il y aura incontestablement des discussions juridiques car la juge Léonie Brinkema n'a pas exclu que l'accusé pourrait à nouveau demander à titre de circonstance atténuante l'audition à la barre de trois membres d'Al-Qaïda détenus au secret par les autorités américaines", a estimé Me Roux.

Mme Al Wafi n'a pu être contactée dimanche. Dans les colonnes d'Aujourd'hui en France, elle a déclaré qu'elle réagissait "évidemment mal" au fait que son fils plaide coupable. "Lorsque je vois les conditions de détention dans lesquelles il est depuis quatre ans, je comprends qu'il puisse être facilement manipulé psychologiquement: il ne parle à personne, il ne voit personne, il est totalement isolé", a ajouté la mère de Moussaoui.

Refusant de parler du dossier en lui-même elle a évoqué le "dialogue de sourds" qui s'est engagé. Et cela arrange bien la justice américaine (...) Il ont besoin d'un bouc émissaire et en faisant tomber la tête de Zacarias, ils tiennent ce bouc émissaire".
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