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Le Parlement turc favorable de l'abolition de la peine de mort

dépêche de presse du 2 août 2002 - Reuters
Pays :
peine de mort / Turquie
ANKARA (Reuters) - Le Parlement turc a voté en faveur de l'abolition de la peine de mort en temps de paix, une mesure indispensable à l'adhésion d'Ankara à l'Union européenne.


Ce texte fait partie de 13 réformes, portant notamment sur les droits culturels de la minorité kurde, que l'assemblée réunies en session extraordinaire doit examiner deux jours après avoir fixé au 3 novembre les élections législatives anticipées.


Les députés doivent d'abord s'exprimer par un vote sur chacune des réformes, avant de ratifier, vraisemblablement à la nuit tombée, sur le train de réformes dans son ensemble.


L'abolition de la peine de mort a été votée par 256 voix, contre 162 et une abstention. Sur les 550 élus, seuls les 126 députés de la principale formation, le Parti d'action nationaliste (MHP), sont opposés à certaines réformes.


Les textes à l'étude prévoient notamment l'usage de la langue kurde dans le domaine de l'éducation et dans les médias, ainsi qu'un renforcement des libertés d'association et d'expression. Ils sont considérés comme une étape nécessaire à l'obtention par Ankara d'une date précise pour le début des négociations sur son éventuelle adhésion à l'UE.


UN BOULEVARD POUR LES NATIONALISTES?


Les Quinze ne devraient toutefois pas fixer cette date lors du Conseil européen de Copenhague en décembre. Mais l'adoption des réformes devrait créer un climat plus favorable, et renforcer un accord passé avec le Fonds monétaire international (FMI) pour venir à bout d'une crise économique et financière aigüe.


La célérité avec laquelle les parlementaires ont voté en faveur de l'abolition de la peine de mort a surpris les milieux politiques et économiques turcs - et les marchés financiers semblaient optimistes ce vendredi.


D'aucuns craignent en effet que les députés, pourtant majoritairement favorables aux réformes pro-européennes, ne rechignent à les adopter en début de campagne électorale, par crainte d'ouvrir un boulevard aux nationalistes.


Le MHP a en effet d'ores et déjà estimé que les textes à l'étude correspondaient aux souhaits du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), accusé de la mort de 30.000 personnes, et dont le dirigeant Abdullah Oçalan a été condamné il y a trois ans à... la peine de mort. Oçalan a déposé un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme.


"Ce que proposait le traître qui a fait couler le sang de 30.000 personnes passe à présent devant le Parlement", déplorait un député nationaliste, Ismaïl Kose.
(Par Hidir Goktas)
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