Plan du site

Amnesty dénonce la torture et les exécutions secrètes en Ouzbékistan

dépêche de presse du 25 mai 2005 - Agence mondiale d'information - AFP
Le recours à la torture et les exécutions secrètes de "musulmans très pratiquants" en Ouzbékistan ont été dénoncés par Amnesty International dans son rapport annuel publié mercredi, qui critique également les autres pays d'Asie centrale, surtout le Turkménistan, mais aussi le Kirghizstan et le Tadjikistan.

Ce rapport a été rédigé avant la répression sanglante de l'insurrection d'Andijan, dans l'est de l'Ouzbékistan, où plusieurs centaines de personnes ont été tuées le 13 mai, selon des témoins, par l'armée qui a tiré indistinctement et sans sommation sur la foule de manifestants.

Amnesty a dénoncé ce recours abusif à la force dans des communiqués, et déclaré craindre que les 81 personnes, dont au moins trois défenseurs des droits de l'Homme, arrêtées par la suite, "risquaient de subir des actes de torture et d'autres mauvais traitements".

Dans son rapport annuel, l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme revient sur la répression menée au lendemain d'une série d'attaques et d'explosions contre des barrages de police, survenues fin mars début avril 2004.

"Des centaines d'hommes et de femmes, considérés comme étant des musulmans très pratiquants ou comme ayant des personnes très pratiquantes parmi leurs proches, ont été arbitrairement arrêtées", indique Amnesty.

"De très nombreuses personnes, dont des dizaines de femmes, poursuivies pour des infractions relevant du "terrorisme" ont été condamnées à de lourdes peines d'emprisonnement pour leur participation présumée à ces violences. Leurs procès n'ont pas été équitables", poursuit le rapport.

"Les éléments de preuve dénoncés comme ayant été obtenus sous la torture étaient régulièrement considérés comme recevables par les tribunaux et la règle de la présomption d'innoncence n'était pas appliquée".

"Les condamnations à mort et les exécutions secrètes étaient toujours aussi nombreuses, ce qui plaçait l'Ouzbékistan à contre-courant de la tendance à l'abolition constatée dans la région", observe encore Amnesty.

Le rapport rappelle que le département d'Etat des Etats-Unis a décidé en juillet d'interrompre l'aide à l'Ouzbékistan, comme l'a fait plus tôt la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Mais Washington a continué à fournir une aide militaire importante à Tachkent.

En décembre, le président ouzbek Islam Karimov a déclaré que 50 à 60 personnes avaient été condamnées à mort en 2004.

Les atteintes aux droits de l'Homme étaient fréquentes en 2004 également au Turkménistan. "Les membres des minorités religieuses, les militants de la société civile et, de manière générale, toutes les personnes qui tentaient d'exercer leur droit à la liberté d'expression étaient la cible d'actes de harcèlement, voire se retrouvaient en prison ou étaient contraints à l'exil", déclare le rapport.

Bien moins grave, la situation n'est pas brillante pour autant au Kazakhstan et au Kirghizstan. Ces deux pays ont renvoyé en Chine des demandeurs d'asile et des réfugiés ouïghours qui risquaient d'y faire l'objet de mauvais traitements.

Le Kazakhstan s'est engagé auprès du Conseil de l'Europe à oeuvrer pour l'abolition totale de la peine de mort et le Tadjikistan a adopté un moratoire sur la peine capitale le 30 avril. Ce dernier pays a toutefois fait exécuter au moins quatre hommes quelques jours avant l'entrée en vigueur du moratoire.
Partager…