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Une cour nigériane confirme l'exécution d'une femme par lapidation; ses avocats font appel

dépêche de presse du 19 août 2002 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
FUNTUA, Nigeria (AP) - La haute cour islamique de Funtua, dans le nord du Nigeria, a rejeté lundi l'appel d'une mère divorcée condamnée à la lapidation pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage. Ses avocats ont interjeté un nouvel appel.

Tenant son bébé dans les bras, Amina Lawal, 30 ans, a fondu en larmes à l'énoncé du verdict. Elle avait été condamnée en première instance en mars. "Nous confirmons le jugement de la cour inférieure", a annoncé le juge Aliyu Abdullahi. Une grande partie des 60 personnes présentes dans le prétoire ont réagi avec satisfaction, criant "Dieu est grand" en haoussa.

Le juge a souligné que la peine serait exécutée dès que Mme Lawal aurait fini d'allaiter son nourrisson. En juin, la cour de première instance avait reporté son exécution jusqu'en janvier 2004 pour cette raison.

Les avocats de l'accusée, libérée sous caution, ont annoncé leur intention de faire immédiatement appel devant la Cour d'appel de la charia de l'Etat du Katsina. En cas d'échec, ils peuvent saisir la Cour suprême nigériane, où l'affaire risque d'entraîner un bras de fer entre les autorités consitutionnelles et religieuses du pays.

L'introduction de la loi islamique ou charia dans une dizaine d'Etats du nord du pays depuis 1999 est à l'origine de conflits entre les chrétiens et les musulmans nigérians.

Mme Lawal est la deuxième Nigériane condamnée à mort pour avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage. La première, Safiya Hussaini, avait vu sa peine annulée en mars dernier lors de son premier appel. Une autre femme risque le même sort. Elle doit comparaître devant une cour lorsque sa santé le permettra. Toutes ces femmes sont des mères célibataires pauvres et sans éducation vivant dans des villages.

Le jugement de lundi a consterné les organisations de défense des droits de l'Homme. Baobab, un groupe de femmes finançant la défense de Mme Lawal, a souligné qu'un appel devant une cour supérieure pourrait servir de précédent pour tous les tribunaux appliquant la charia dans le pays.

"Mais nous nous en serions bien passés", a souligné Ndidi Ekekwe, un des avocats du groupe. "Tant que cette affaire dure, (Mme Lawal) a une peine de mort suspendue au-dessus de la tête."

Amnesty International a annoncé qu'elle demanderait au gouvernement nigérian d'intervenir, le président Olusegun Obasanjo ayant déclaré les châtiments imposés au nom de la charia comme la décapitation, la lapidation et les amputations, non constitutionnels.
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