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Journaliste tué en RDC: 4 condamnés à mort, dont les amis de la victime

dépêche de presse du 28 août 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
peine de mort / République démocratique du Congo
BUKAVU (AFP) - Le tribunal militaire de Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a condamné mardi à la peine de mort deux civils reconnus coupables de l'assassinat du journaliste Serge Maheshe et deux amis de la victime.

Freddy Bisimwa et Masasile Rwezangabo, deux civils qui avaient avoué avoir tué le journaliste, ont été condamnés à la peine capitale pour "assassinat" tandis que les deux témoins du crime Serge Mohima et Alain Shamavu, qui n'ont cessé de clamer leur innocence, ont été condamnés à mort pour "association de malfaiteurs".

Journaliste à la radio Okapi (parrainée par l'ONU), Serge Maheshe (31 ans), a été abattu le 13 juin dans la soirée par deux inconnus à Bukavu, alors qu'il s'apprêtait à monter dans sa voiture de service, marquée du sigle des Nations unies.

Les tueurs s'étaient enfuis sans tenter d'ouvrir le feu sur les deux amis du journaliste, Serge Mohima et Alain Shamavu, qui se trouvaient à ses côtés. Maheshe n'avait pas pu être sauvé malgré son transfert à l'hôpital de Bukavu, où il avait été conduit accompagné de ses amis, de membres de l'ONU et de la police congolaise.

Le tribunal a acquitté la plupart des huit autres accusés, poursuivis pour leur complicité supposée, à des degrés divers, avec les meurtriers ou pour avoir fourni des informations aux principaux accusés après leur arrestation.

Deux militaires, arrêtés avec une quinzaine d'autres personnes au lendemain du crime, ont été lavés de toute accusation d'assassinat, après avoir été présentés au début du procès comme les principaux suspects par l'accusation.

L'un d'eux a néanmoins écopé de six mois de prison pour "destruction d'arme". Un autre accusé civil a été condamné à six mois ferme pour s'être évadé après son interpellation au début de l'enquête sur cette affaire.

Le procès avait débuté le 14 juin, au lendemain même du crime. Ajourné à de multiples reprises, il avait été très critiqué par des organisations de défense des droits de l'Homme, qui dénonçaient "la précipitation" de la justice militaire.

Plusieurs vagues d'interpellation ont conduit à la comparution de nouveaux accusés, en cours de procès, l'instruction s'étant poursuivie en parallèle des premières audiences.

Bisimwa et Rwezangabo, les deux civils condamnés pour assassinat, avaient été arrêtés en cours de procès et avaient avoué le crime. Ils avaient désigné les deux amis du journaliste comme étant "les commanditaires" du crime, sans être en mesure d'en indiquer le mobile.

A la barre, la mère de la victime avait jugé "peu convaincantes" ces allégations, soutenant que son fils n'avait "jamais eu des problèmes particuliers avec ses amis".

Les avocats des amis de la victime ont dénoncé un verdict "absurde" et ont annoncé leur intention d'interjeter appel.

"C'est invraisemblable, je n'ai jamais vu cela", a déclaré à l'AFP Me Wilson Ntabarusha, qui a dénoncé un décision fondée sur des "déclarations contradictoires ou qui invalident les affirmations des assassins, (...), des vérifications incomplètes" et l'absence de preuves matérielles.

La mort de Serge Maheshe, journaliste respecté qui dirigeait la rédaction de la station de Bukavu de Radio Okapi, avait semé la consternation parmi les professionnels des médias, au sein du gouvernement congolais et des chancelleries.

Tous avaient condamné cet assassinat, le quatrième en moins de deux ans parmi les professionnels des médias en RDC, dont le mobile reste pour le moment un mystère.

Le procès devrait se poursuivre dans les jours qui viennent.
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