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Irak: la justice confirme la condamnation à mort "d'Ali le chimique"

dépêche de presse du 4 septembre 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Irak
BAGDAD (AFP) - La justice irakienne a confirmé mardi la condamnation à mort par pendaison d'une figure emblématique du régime de Saddam Hussein, Ali Hassan al-Majid, jugé coupable du massacre de 182.000 Kurdes d'Irak à la fin des années 1980 et qui sera pendu d'ici trente jours.

Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique", et deux co-accusés avaient été condamnés à la peine capitale le 24 juin par le Haut tribunal pénal irakien pour leur rôle dans une campagne d'exécutions de masse et de bombardements chimiques menée au Kurdistan et baptisée opération "Anfal".

Les trois accusés ayant fait appel de la sentence, la Cour suprême les a jugés à son tour coupables de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"La Cour a approuvé les décisions suivantes: la peine de mort contre Ali Hassan al-Majid, Sultan Hashim al-Tai et Hussein Rashid al-Tikriti", a annoncé sans surprise à la mi-journée son président, Aref Shaheen.

Tous trois seront exécutés par pendaison d'ici trente jours, comme le prévoit la loi irakienne.

Ali Hassan al-Majid, 66 ans, était chef du parti Baas, au pouvoir à l'époque, pour le nord de l'Irak.

Sultan Haschim al-Tai était ministre de la Défense, et Hussein Rachid al-Tikriti, ancien chef adjoint des opérations des forces armées.

Cousin et bras droit de l'ex-président Saddam Hussein exécuté par pendaison fin 2006, Ali Hassan al-Majid était une personnalité clé du régime saddamiste.

Originaire, comme l'ancien dictateur, de la région sunnite de Tikrit, au nord de Bagdad, Ali Hassan al-Majid a pris part à toutes les grandes campagnes de répression menées par le régime irakien.

Selon l'organisation américaine de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, il est responsable de la disparition de 100.000 non-combattants dans les régions kurdes.

"Ali le chimique" est également poursuivi dans un autre procès par la justice irakienne pour la répression sanglante d'une rébellion chiite en mars 1991 qui avait fait près de 100.000 morts alors qu'il occupait les fonctions de ministre de l'Intérieur.

En juillet, à la suite de l'annonce de sa condamnation à mort, le vice-Premier ministre irakien, Barham Saleh, avait indiqué qu'"Ali le chimique" serait exécuté dans le Kurdistan irakien. Mais ce projet semble depuis lors avoir été abandonné par le gouvernement.

Les autorités n'ont donné mardi aucune précision sur les modalités ou la date de pendaison des trois hommes.

En juin, l'annonce de la condamnation à mort d'"Ali le chimique" avait été accueillie par des cris de joie et des scènes de liesse populaire au Kurdistan.

Tout au long de son procès, Ali Hassan al-Majid, le plus souvent la tête couverte d'un keffieh et vêtu d'une robe traditionnelle arabe, n'avait montré aucun signe de remords, justifiant l'intervention des troupes saddamistes au Kurdistan et revendiquant ouvertement sa responsabilité dans les massacres.

"Je suis celui qui a donné l'ordre à l'armée de détruire des villages (...) Je n'ai pas à me défendre, ni à m'excuser. Je n'ai commis aucune faute", avait-il alors lancé devant ses juges.

"Merci Dieu", avait-il simplement lâché le 24 juin, à l'énoncé du verdict de sa condamnation à mort.

Egalement jugé par le Haut tribunal pénal irakien pour sa responsabilité dans la campagne Anfal, Saddam Hussein, avait été pendu le 30 décembre 2006 mais dans le cadre d'un autre procès, jugé coupable de crime contre l'humanité pour avoir ordonné le massacre de 148 villageois chiites.

Les circonstances controversées de son exécution -filmée- avaient suscité une vive polémique et renforcé les frustrations parmi les sunnites, aggravant encore un peu plus le fossé entre communautés. Trois autres personnalités du régime ont depuis lors été pendues.
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