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Niger: peine de mort par contumace pour l'ex-chef rebelle Rhissa Ag Boula

dépêche de presse du 14 juillet 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Niger
NIAMEY - L'ex-chef rebelle touareg et ancien ministre nigérien, Rhissa Ag Boula, a été condamné par contumace dimanche à Niamey à la peine de mort pour l'assassinat d'un homme politique en 2004, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

Le procureur de la Cour d'assises de Niamey, Moutari Abdou, a expliqué à la presse que M. Ag Boula a été reconnu comme "le commanditaire" de l'assassinat, le 26 janvier 2004, d'Adam Amangué, un responsable local du parti au pouvoir à Tchirozérine (nord).

M. Ag Boula, qui a quitté le Niger après avoir bénéficié d'une liberté provisoire en 2005, vit actuellement en France, après un séjour en Libye.

Trois autres personnes, Rhissa Ataher, Ibrahim Amadou et Alhassane Adam Ibrahim, ont été reconnues coupables de l'assassinat physique de M. Amangué et ont écopé chacune de 20 ans de prison ferme, a précisé le magistrat. Elles sont toutes écrouées depuis quatre ans.

Selon Lirwana Abdourahamane, avocat de la famille Amangué, ce sont d'anciens combattants de la première rébellion touareg (1991-1995), intégrés dans les forces de l'ordre et que M. Ag Boula a recrutés pour tuer M. Amangué.

"Nous sommes très satisfaits du verdict, parce que la vérité a été rétablie et la justice rendue", s'est-il félicité.

Seul le chauffeur de M. Ag Boula, Aboubacar Andou, a été acquitté, a précisé ajouté M. Abdou.

M. Ag Boula et les trois autres condamnés doivent aussi verser 20 millions de CFA (30.490 euros) de dommages à la famille du défunt.

Le procureur a expliqué que M. Ag Boula "pourra faire opposition" à sa condamnation, une fois rentré au Niger, et être "rejugé" s'il le souhaite.

Les autorités nigériennes ont la possibilité de "mettre en oeuvre" une convention d'entraide judiciaire signée avec la France pour extrader M. Ag Boula, a-t-il précisé.

Les peines de mort ne sont généralement pas exécutées au Niger et souvent commuées en prison à vie.

Figure de proue de la rébellion touareg, M. Ag Boula avait dirigé le Front de libération de l'Aïr et de l'Azaouk (FLAA), le plus radical des ex-mouvements rebelles, jusqu'à la fin de la rébellion en 1995. Il avait été nommé ministre de l'Artisanat et du Tourisme en 1996, et limogé en février 2004 puis incarcéré pour "complicité" du meurtre de M. Amangué.

Sa liberté provisoire avait été négociée en mars 2005 sous l'égide de la Libye, en échange de la libération de quatre otages -trois gendarmes et un soldat- capturés par d'anciens rebelles du FLAA qui avaient mené plusieurs attaques au nord pour exiger la libération de l'ex-ministre.

M. Ag Boula a depuis démissionné du parti au pouvoir. Il a créé le Front des forces de redressement (FFR), un mouvement dissident du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), rébellion touareg très active depuis 2007 dans le nord nigérien.
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