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Soudan: quatre islamistes condamnés à mort pour le meurtre d'un Américain

dépêche de presse du 12 octobre 2009 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Soudan
KHARTOUM — Un tribunal soudanais a condamné lundi à la peine de mort par pendaison quatre jeunes islamistes reconnus coupables du meurtre en 2008 d'un diplomate américain et de son chauffeur soudanais.

Ces personnes avaient déjà été condamnées à la peine capitale en juin, mais cette sentence avait été annulée par une cour d'appel, qui avait réclamé que de nouvelles peines soient prononcées.

"Le meurtre d'une personne est illégal tant du point de vue de la charia (loi islamique) que du droit soudanais", a déclaré lundi le juge Saïd Ahmed al-Badri de la Cour de Khartoum-Nord, selon un journaliste de l'AFP.

John Granville, 33 ans, qui travaillait à l'Agence américaine pour le développement international (USAID), et son chauffeur Abdel Rahman Abbas, 40 ans, ont été tués par balle dans leur voiture le 1er janvier 2008.

"La loi islamique condamne le meurtre peu importe la nationalité ou la religion" de la victime, a ajouté le juge, prenant ainsi ses distances avec certaines interprétations rigoristes de la charia qui ne condamnent pas le meurtre de personnes jugées "infidèles".

Le juge a précisé que John Granville avait au Soudan le statut religieux de "dhimmi", à savoir de non-musulman monothéiste devant être protégé par les autorités.

"Vous ne pouvez pas tuer un musulman parce qu'il a tué un chrétien ou un infidèle", a crié l'un des condamnés, Mohaned Osman Youssif, après l'annonce de la sentence.

"Les Américains (...) ont tué plusieurs musulmans en Irak et en Afghanistan", a clamé l'accusé, un ex-officier de l'armée vêtu d'une galabiyya (longue robe traditionnelle) blanche et portant une barbe fournie.

"C'est une affaire politique", a ajouté un autre condamné, AbdelBasit Hajj al-Hassan.

La cour de Khartoum-Nord avait rendu en juin un verdict de culpabilité contre les quatre islamistes --Mohamed Mukawi, AbdelBasit Hajj al-Hassan, Mohaned Osman Youssif, AbdelRaouf Abu Zeid Mohammed Hamza-- et les avait condamnés à la pendaison.

Les verdicts avaient été annulés en août par une cour d'appel qui avait demandé à un tribunal de première instance de déterminer à nouveau les sentences contre les accusés.

Au Soudan, la famille d'une victime de meurtre doit dire à la cour si elle accorde l'amnistie aux condamnés, demande compensation ou exige la peine de mort.

La famille du chauffeur soudanais avait choisi en juin la peine capitale. Dans une lettre à la cour, la famille de John Granville avait aussi opté pour la peine de mort, mais ce document avait été rejeté par le tribunal qui avait prononcé les sentences uniquement sur la base de la demande de la famille soudanaise.

Le père du chauffeur soudanais avait toutefois exprimé au cours de l'été le souhait que les coupables soient amnistiés, ce qui avait conduit à l'annulation en appel des sentences prononcées, sans toutefois changer le verdict de culpabilité déjà établi contre eux.

La famille de John Granville s'est à nouveau prononcée en faveur de la peine capitale. Quant à la femme du chauffeur soudanais, Fatima Mohamed Ali, a elle déclaré lundi devant la cour qu'elle souhaitait également la peine de mort pour les quatre condamnés, en contradiction avec la volonté exprimé eau cours de l'été par le père du défunt.

Une cinquième personne, Mourad AbdelRahman Abdallah, avait été condamnée à deux ans de prison pour avoir fourni l'arme du crime. Ce dernier a été libéré lundi par le juge.
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