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Plantu et Chapatte condamnent le dessin de presse comme "arme de propagande"

dépêche de presse du 4 février 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Les dessinateurs de presse français Jean Plantu et suisse Patrick Chapatte ont demandé jeudi soir à Genève que la caricature d'actualité reste un "genre libre" pour qu'elle "ne serve pas d'arme de propagande".

"Nous savons que le dessin est une arme très puissante. C'est pourquoi nous aimons que ce soit dans les mains de quelqu'un de libre", a expliqué le dessinateur suisse lors d'un débat organisé à l'occasion de l'exposition d'une cinquantaine de 48 dessins contre la peine de mort. "Le dessin comme outil de propagande, c'est tout ce que nous détestons", a ajouté Chapatte, qui publie ses dessins en Suisse mais également deux fois par semaine dans le International Herald Tribune.

"Le dessin ça va devenir de plus en plus dur: il y a de plus en plus de choses qu'on ne peut pas dire, alors que notre travail c'est de dire des choses spontanées", a déploré Plantu. "Les trouillards vont faire de plus en plus la pluie et le beau temps", a-t-il prédit.

Les deux dessinateurs ont ainsi critiqué l'Université de Genève qui a tenté de "censurer" l'exposition organisée dans son hall principal et qui a finalement imposé une mention précisant qu'elle était "étrangère" à la manifestation.

Les responsables de l'université genevoise n'ont pas précisé les raisons de leurs réticences. Selon les deux dessinateurs, la représentation de femmes portant la burqa pour illustrer des caricatures grinçantes sur l'application de la peine de mort en Iran les aurait effrayés.

Au cours du débat, les deux dessinateurs ont expliqué qu'ils s'imposaient eux-mêmes certaines règles de conduite.

"Je me suis toujours interdit de transformer l'autre en animal, de le représenter comme une bête. Cela me rappelle trop une certaine propagande" nazie et antisémite, a par exemple indiqué Chapatte.

Plantu, de son côté, a dit qu'il n'avait pas eu envie de faire rire du "calvaire" des derniers mois de vie du pape Jean Paul II alors que son confrère suisse se l'était autorisé, estimant que la souffrance du souverain pontife avait été instrumentalisée par l'Eglise catholique.

L'exposition genevoise "Cartoonists for peace" est organisée dans le cadre du 4ème Congrès mondial contre la peine de mort qui se déroulera à Genève du 24 au 26 février.
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