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Journaliste tué en 2008 en RDC: 2 soldats et un civil condamnés à mort

dépêche de presse du 5 mai 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
peine de mort / République démocratique du Congo
KINSHASA — Deux soldats et un civil congolais ont été condamnés à la peine de mort par un tribunal militaire de Bukavu pour le meurtre fin novembre 2008 d'un journaliste congolais tué dans cette ville de l'Est de la RD Congo, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

Le premier sergent-major Seba Tandema, l'adjudant Oscar Tchenda Kashama et Mushamuka, un civil, ont été condamnés mardi soir pour le meurtre de Didace Namujimbo, journaliste à Radio Okapi, et pour association des malfaiteurs, a affirmé à l'AFP un magistrat militaire du tribunal de garnison de Bukavu, sous couvert d'anonymat.

Début avril, le ministère public avait requis la peine de mort contre six militaires et un civil, tous de nationalité congolaise.

La condamnation à la peine capitale peut être requise en RD Congo, mais elle est commuée en une peine de prison à perpétuité depuis 1999.

L'Etat congolais et les trois condamnés à mort doivent également verser à la veuve et au père du journaliste, à titre de dommages-intérêts, les sommes respectives de 500.000 dollars (384.000 euros) et 250.000 USD (192.000 euros).

D'autres prévenus ont été condamnés à 5 ans de prison pour "violations des consignes et fabrication de faux documents médicaux", a spécifié le magistrat.

Protection international, une ONG qui dit agir pour renforcer la protection des défenseurs des droits de l'Homme, a affirmé mercredi avoir "relevé divers dysfonctionnement" lors de ce jugement, "qui constituent des violations du droit à un procès équitable".

Elle cite entre autre des "carences dans l'instruction, dans la conservation des preuves - absence de scellés sur les pièces à conviction (arme, douille) -, l'absence d'autopsie, la violation de certains droits de la défense", dans un communiqué transmis à l'AFP.

L'ONG déplore également "le prononcé de condamnations à mort" et rappelle que "le droit à la vie affirmé dans la Constitution congolaise du 18 février 2006 ne permet plus de prononcer la peine de mort", regrettant que "la juridiction militaire de Bukavu se soit déclarée compétente pour juger des civils, en violation de l'article 156 de la Constitution congolaise".

"Cet article est d'application immédiate et prime sur tout texte contraire, conformément à l'article 221 de la Constitution", selon Protection international.

Didace Namujimbo, 34 ans, père de trois enfants, a été tué le 21 novembre 2008 d'une balle dans le cou à Bukavu, ville située à plus de 1.500 km à l'est de Kinshasa.

Le 20 avril, deux militaires congolais avaient été condamnés à mort pour le meurtre le 5 avril de Patient Chebeya Bankome, un reporter-cameraman à Beni (est, province du Nord-Kivu).

Le journaliste avait été tué par balles "à bout portant" dans la cour de sa maison par des "hommes armés et en tenue militaire", qui lui avaient volé un sac contenant divers effets, dont du matériel de travail.

Il s'agit du sixième journaliste tué depuis 2005 dans l'est de la RD Congo, une région très instable en raison de la présence de plusieurs groupes armés qui y sévissent depuis plus d'une décennie.
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