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Lapidation en Iran: révision du verdict pour une femme accusée d'adultère

dépêche de presse du 9 juillet 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
TEHERAN — La République islamique d'Iran a décidé de réviser la peine de mort par lapidation infligée à une Iranienne de 43 ans accusée d'adultère, au moment où une vaste campagne de mobilisation internationale cherchait à lui éviter ce châtiment.

La peine de lapidation pour adultère de Sakineh Mohammadi-Ashtiani est en "cours de révision", a déclaré Mohammad Javad Larijani, chef du bureau des droits de l'Homme de la justice, cité vendredi par l'agence officielle Irna.

"Elle a été condamnée à 90 coups de fouet par un tribunal et à la lapidation par un autre, le verdict est en cours de révision", a déclaré M. Larijani.

Mme Ashtiani a été condamnée le 15 mai 2006 pour avoir eu "une relation illégale" avec deux hommes après la mort de son mari. Elle a reçu les coups fouet conformément à sa sentence. Sa peine avait été confirmée en 2007 par la Cour suprême.

M. Larijani a ajouté que le chef de l'autorité judiciaire, l'ayatollah Sadegh Larijani, qui est également son frère, estime, comme son prédécesseur, qu'il est préférable d'utiliser des "peines de substitution à la place de la lapidation (...) et cela est valable aussi pour Mme Mohammadi Ashtiani".

Il n'a pas précisé quelle peine pouvait être retenue contre elle. "La peine de lapidation existe dans la loi, mais les juges n'y ont recours que très rarement", a-t-il précisé. Auparavant, l'ambassade d'Iran à Londres, dans un communiqué cité par le Times et le Guardian, avait indiqué qu'elle ne serait pas lapidée. Le communiqué ne précise toutefois pas si la condamnée sera épargnée ou finalement exécutée par pendaison, soulignent les quotidiens britanniques.

Dans la soirée, le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a indiqué qu'elle serait "particulièrement ravie" si ces informations étaient exactes, mais n'en avait aucune "confirmation officielle".

Sakineh Mohammadi Ashtiani, qui est emprisonnée à Tabriz (nord-ouest) depuis 2006, dit avoir avoué un adultère sous la contrainte. Son avocat, Mohammad Mostafavi, a indiqué vendredi "ne pas avoir été informé d'un arrêt de l'application de la peine". "Ma cliente se trouve toujours en prison", a-t-il précisé par téléphone à l'AFP.

La sentence de lapidation avait suscité de nombreuses condamnations de par le monde, Washington et Londres en tête. Les Etats-Unis se sont dits vendredi opposés à toute condamnation à mort pour adultère, quelle que soit la méthode.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait qualifié jeudi la sentence de "moyenâgeuse", estimant que si elle était mise à exécution, cette lapidation provoquerait "dégoût et horreur dans le monde".

La lapidation "est un acte barbare et odieux", a déclaré de son côté à Washington un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, "révolté", a appelé les responsables iraniens à ce que "le sentiment d'humanité l'emporte".

Les enfants de la condamnée ont mené une campagne internationale pour sa libération, qui "progresse bien", a déclaré son fils Sajad au Guardian jeudi. "On m'a donné la permission de lui parler et elle est très reconnaissante aux gens du monde entier de la soutenir".

Le Times avait lancé une campagne pour faire annuler la lapidation et publié une lettre ouverte signée par plus de 80 personnalités.

Les acteurs américains Robert de Niro et Robert Redford, l'actrice française Juliette Binoche et son compatriote le philosophe Bernard-Henri Levy, figurent au nombre des signataires.

Au moins huit autres femmes et trois hommes courent le risque d'être lapidés en Iran, selon Amnesty International.
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